Rares sont les personnes diabétiques à n’avoir jamais ressenti d’hypoglycémie. Elles sont souvent mal vécues, appréhendées et peuvent être responsable d’une diminution de la qualité de vie. Par peur de l’hypoglycémie, les personnes ont tendance à diminuer leurs traitement afin de se maintenir en hyperglycémie. Les hypoglycémies constituent alors un réel frein à l’équilibre glycémique.
1/ Rappels
Une hypoglycémie se définie comme toute glycémie (taux de sucre dans le sang) inférieure à 0.70g/L. On les qualifie de sévère à partir du moment où l’intervention d’une tierce personne a été nécessaire pour faire remonter la glycémie.

Elles sont souvent symptomatiques (la personne peut ressentir des sueurs, des palpitations, des troubles de la visions, une sensation de faim intense…) mais ce n’est pas systématique. En effet, depuis l’avènement des capteurs de glucose en continu, on s’est rendu compte que les hypoglycémies dites silencieuses étaient bien plus nombreuses que ce l’on pensait.

2/ Quelques chiffres
L’étude internationale HAT (Hypoglycemia Assessement Tool) a confirmé le constat suivant : la fréquence des hypoglycémies est souvent sous estimées chez les patients adultes insulinotraité. Elle a estimé que 83% des diabétiques de type 1 (DT1) et 46.5% des types 2 (DT2) ont vécu au moins un épisode d’hypoglycémie durant l’étude dont 14.4% et 8.9% d’hypoglycémies sévères.
Une proportion non négligeable de ces hypoglycémies était signalée la nuit.
D’autres études ont démontré que la fréquence des hypoglycémies chez les patients traités par insuline augmentait avec la durée du diabète et de l’insulinothérapie.
3/Causes des hypoglycémies
– La première cause des hypoglycémies est iatrogène. Cela signifie que c’est le traitement qui est directement responsable.

– L’alimentation est également une cause fréquente. En effet, l’hypoglycémie risque de survenir si l’apport de glucides a été insuffisant par rapport au traitement reçu (insuline ou comprimés : sulfamides hypoglycémiants, glinides)
– Toute activité physique doit être anticipée afin d’éviter les hypoglycémies. Il est parfois nécessaire de se ressucrer avant de partir faire du sport (si la glycémie est inférieure en 1.30g/l) et de consommer des sucres lents si l’activité dure plus d’une heure.

– Il est également nécessaire de faire attention à la taille de l’aiguille à insuline. Celle-ci doit être adaptée afin d’éviter que l’injection se fasse en intra-musculaire. En effet, la diffusion de l’insuline peut devenir anarchique et lorsque le muscle est sollicité, celle-ci peut être relargée brutalement, provoquant ainsi une hypoglycémie.
– La consommation d’alcool ou de certains toxiques comme le cannabis peuvent être responsable d’une hypoglycémie.
4/ Pourquoi les hypoglycémies sont parfois non ressenties
On estime que les hypoglycémies syptomatiques surviennent en moyenne 1 fois par semaine chez les DT1 et 1 fois par mois chez les DT2 et que les hypoglycémies silencieuses seraient 2 à 3 fois plus fréquentes.

Ces hypoglycémies silencieuses surviennent également chez le DT2 sous sulfamides hypoglycémiants où elles sont en réalité très fréquentes.
Les causes de ses hypoglycémies silencieuses sont multiples.
– Altération du système de contre régulation du glucose
S’il est évident qu’une dose trop élevée d’insuline par rapport aux besoins de la personne va être responsable d’une hypoglycémie, celle-ci est aggravée par une altération du système de contre régulation du glucose. En temps normal, lorsque la glycémie diminue, le pancréas sécrète une hormone hyperglycémiante : le glucagon. Or chez le DT1, l’altération de ce système est précose et celui-ci ne joue plus son rôle correctement. Chez le DT2, l’altération est plus tardive.
– Altération du système adrénergique
Avec l’âge, le système adrénergique responsable d’une partie des symptômes de l’hypoglycémie (tremblements, tachycardie, sueur, anxiété, sensation de faim, pâleur) est émoussé.

– Les hypo répétées
Les diabétiques qui tout au long de leur vie ont eu de nombreuses hypoglycémies ont développé un mécanisme de compensation leur permettant de maintenir une concentration suffisante de glucose dans les neurones malgré une glycémie abaissée. Par conséquent, ils ne ressentent plus les signes dits neuroglucopénique tels que : les troubles visuels, sensation de malaise, confusion, vertiges, épilepsie, trouble de la conscience.
3/ Conclusion
Les hypoglycémies sont un réel problème pour les personnes diabétiques de type 1 ou 2. Les hypoglycémies asymptomatiques sont donc beaucoup plus fréquentes que les symptomatiques chez le DT1 comme chez le DT2 et quelque soit leur traitement (insuline ou comprimés). Il est donc important de trouver avec le diabétologue des solutions pour en diminuer leur fréquence car elles sont souvent responsables d’une altération de la qualité de vie.