Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une affection fréquente touchant 1 femme en âge de procréer sur 10. L’étiologie du SOPK semble multifactorielle avec implication de facteurs environnementaux, génétiques et épigénétiques. Il se caractérise par une production excessive d’androgènes, des troubles de l’ovulation avec risque d’infertilité et des ovaires d’aspect polykystique. Il existe également des altérations du métabolisme telles qu’un surpoids, une insulinorésistance dans 50% des cas ou un diabète de type 2.

Critères diagnostiques du SOPK :

Présence d’au moins 2 critères clinicobiologiques parmi les suivants :

  • Troubles du cycle (spanioménorrhée ou aménorrhée)
  • Hyperandrogénie clinique (acné, hirsutisme, alopécie androgénique) et/ou biologique
  • Aspect multifolliculaire des ovaires à l’échographie (> à 20 follicules infracentimétriques par ovaire ou volume ovarien > à 10mL)

Il existe également un taux augmenté d’hormone antimüllérienne (AMH).

Le diagnostic de SOPK chez l’adolescente est plus délicat du fait des irrégularités menstruelles physiologique au cours des 2 premières années après le début des règles et d’un aspect multi folliculaire des ovaires le plus souvent physiologique.

Prise en charge non médicamenteuse :

En cas de surpoids, une perte pondérale de 5 à 10% sur une période de 6 mois est recommandée car cela permet une amélioration des paramètres métaboliques et peut permettre une diminution des taux d’androgènes circulants et donc la restauration de cycles ovulatoires.

Prise en charge médicamenteuse :

  • Traitement des troubles du cycle : Une prise de Progestérone 10 jours par mois permet de régulariser les saignements afin d’éviter une hyperplasie de l’endomètre.
  • Traitement de l’hyperandrogénie :
    En 1ère intention : une pilule oestro progestative est recommandée. En particulier des pilules de 2ème génération contenant du Lévonorgestrel ou Norgestimate.
    Si inefficacité ou contre-indication à la pilule : un traitement par Spironolactone peut être envisagé (prescription hors AMM). (seule ou en association avec la pilule)
    L’utilisation d’acétate de cyprotérone associée à une œstrogénothérapie doit être réservée aux cas d’hirsutisme les plus sévères du fait d’un risque augmenté de méningiomes en cas de traitement à long terme.
  • Traitement des troubles métaboliques :
    La Metformine peut être envisagée afin d’améliorer la sensibilité à l’insuline, notamment en cas de surpoids ou d’obésité.

Évaluation et prévention du risque cardiovasculaire :

Le SOPK est un facteur de risque cardiovasculaire. D’autant plus qu’il existe une fréquence augmentée de syndrome métabolique et d’insulinorésistance.
Il a été prouvé un sur-risque cardiovasculaire chez les femmes atteintes d’un SOPK. Il est donc indispensable de rechercher les autres facteurs de risque, de surveiller de près la pression artérielle et le poids et de contrôler régulièrement le bilan lipidique et la glycémie.

SOPK et fertilité :

Le SOPK est la principale cause d’infertilité féminine. Cependant, il n’est pas associé de façon systématique à une infertilité.
Le taux de fausses couches est un peu plus élevé que celui de la population générale.
La première étape dans la prise en charge de l’infertilité est la mise en place de mesures hygiénodiététiques pour permettre une perte pondérale de 5 à 10%. En effet, cette perte de poids va permettre d’améliorer la fonction ovarienne et de diminuer les risques de complications obstétricales, telles que l’HTA gravidique et le diabète gestationnel.
En parallèle, il convient de réaliser une prise en charge en Assistance Médicale à la Procréation (AMP) si nécessaire.

Qualité de vie et santé psychique :

Il existe un risque augmenté de troubles anxieux et de troubles de l’humeur chez les patientes atteintes de SOPK, notamment du fait d’une altération de la qualité de vie en lien avec les symptômes cliniques d’hyperandrogénie.Une vigilance particulière quant au dépistage de ces troubles doit être opérée chez ces femmes.

Au total, le SOPK est une affection fréquente qui entraine une hyperandrogénie, des troubles de l’ovulation et fréquemment une insulinorésistance avec augmentation du risque cardiovasculaire. Sa prise en charge doit donc être multi-disciplinaire.

Article mis en ligne par le Dr Alexia FABRE, tiré d'un dossier publié dans la revue Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes & Nutrition.