Le diabète secondaire à une pancréatite est une complication métabolique fréquente des pancréatites, qu’elles soient aiguës ou chroniques.
Il a été montré, dans de nombreuses études épidémiologiques, que l’incidence des pancréatites est en augmentation, avec le risque d’une augmentation des diabètes secondaires.
Le diabète post-pancréatite est déjà un type de diabète courant chez les adultes, mais il est souvent mal classé et traité comme un diabète de type 2.
Cependant, le profil de ces patients est souvent différent avec notamment un poids normal voir bas, une plus grande sensibilité à l’insuline et un moins bon contrôle glycémique.

Sur la cohorte de patients danois étudiée, la proportion de diabète secondaire à une pancréatite était de 1.5% (pancréatite aiguë 0.9% et chronique 0.6%).
Les patients avaient 59 ans en moyenne, étaient des hommes dans 62.2% des cas, et présentaient certaines caractéristiques cliniques, comme un pourcentage plus élevé de fumeurs (30.4%) et de consommateurs excessifs d’alcool (40.2%). Ils avaient également plus de comorbidités.

La prise en charge de ce diabète présente des particularités et des difficultés avec notamment un recours précoce à l’insulinothérapie.

Il a été récemment montré que l’utilisation de la Metformine chez ces patients était associée à une diminution de la mortalité, et il est recommandé, actuellement, de maintenir la Metformine même en cas de passage à un schéma par multi injections d’insuline.

Par contre, l’utilisation des sulfamides hypoglycémiants doit être évitée au maximum en raison d’un risque augmenté d’hypoglycémies chez ces patients car ils présentent un déficit de sécrétion en glucagon.

Les incrétinomimétiques, à savoir les analogues du GLP1 et les inhibiteurs de DPP4, ne sont pas, non plus, recommandés car ils pourraient accroître le risque de pancréatite.

Le recours à une insulinothérapie est donc plus précoce et plus fréquent chez les patients atteints d’un diabète post pancréatite, avec utilisation d’autant plus fréquente en cas de pancréatite chronique qu’en cas de pancréatite aigüe.

En conclusion, ces études danoises ont montré que les diabètes post pancréatites étaient souvent initialement considérés à tort comme des diabètes de type 1 ou 2, que la prise en charge de ces diabètes n’était pas optimale avec un recours insuffisant à la Metformine et la persistance de l’utilisation des sulfamides hypoglycémiants et des incrétinomimétiques pourtant déconseillés.
Ceci montre le besoin de recommandations claires sur la prise en charge de ces diabètes de plus en plus nombreux.

 

Publié par le Dr Alexia FABRE
D’après les articles suivants :- « Glucose-lowering therapy in patients with postpancreatitis diabetes mellitus : a nationwide population-based cohort study » de Viggers R et al. paru dans le Diabetes Care en 2021 ; – “Clinical and biochemical characteristics of postpancreatitis diabetes mellitus: A cross-sectional study from the Danish nationwide DD2 cohort” de Olesen et al. paru en décembre 2021 dans Journal of diabetes- Article du Pr DARMON paru dans Diabétologie Pratique en octobre 2021