Article mis en ligne par le Dr Nelly MORTINIERA, Tiré de la Revue Diabète et Obésité N°160, vol. 18 de janvier 2023. Article rédigé et publié par le Pr Jean-Michel Lecerf (service de nutrition et activité physique, Centre de prévention santé longévité. Institut Pasteur de Lille

Introduction 

Pendant des années, nous avons prescrit des régimes aux diabétiques. Aujourd’hui les diabétiques décident de suivre des régimes plus ou moins intéressants sur la base de leurs convictions, des réseaux sociaux, des propositions médiatiques ou livresques de certains experts ou pseudo-experts et des discours et expériences d’autres patients. que doit penser le professionnel de santé et que doit-il faire face à cette situation nouvelle ?

Une approche psycho pédagogique adaptée est aujourd’hui indispensable pour créer un dialogue constructif. La première attitude est de se mettre en situation d’écoute et plutôt que de dissuader le patient de suivre tel ou régime, il faut objectiver l’amélioration ou la détérioration de l’équilibre glycémique, voir s’il n’y a pas de risques à faire tel ou tel régie et donner des conseils pour réduire au maximum ces risques ou pour sortir d’un régime devenu délétère pour le patient. 

Nous allons répertorier les régimes les plus réaliser et mettre en lumière les inconvénients et les risques auxquels sont exposés les patients diabétiques face à ces régimes.

Le régime sans GLUTEN : 

Le gluten est une protéine végétale présente dans certaines céréales. Il donne essentiellement au pain une certaine élasticité et étanchéité. Il déclenche chez certaines personnes la Maladie Cœliaque. Il est de plus en plus mis en évidence des formes tardives et silencieuses de cette maladie, mais n’a pas de lien direct avec le diabète hormis une possible association fortuite. Le régime sans gluten n’est pas dangereux , il est difficile à suivre et très coûteux. 

Il peut exister chez certaines personnes une hypersensibilité au blé pour lequel le Gluten est rarement en cause. Le plus souvent ce sont d’autres éléments du blé qui sont responsables du syndrome associé appelé le syndrome de l’intestin irritable.  

Chez le diabétique il n’y a pas de preuve que le régime sans Gluten améliore l’équilibre glycémique, l’équilibre alimentaire, ni le risque cardio-vasculaire.

Le régime sans LAIT : 

La seule indication formelle pour supprimer tous les produits laitiers est l’Allergie aux protéines de lait de vache. C’est une affection qui touche surtout l’enfant et disparaît le plus souvent par la suite. Le diagnostic d’allergie aux protéines de lait de vache nécessite une confirmation diagnostique par un spécialiste des allergies. 

L’intolérance au lactose n’est pas une maladie mais un trait génétique lié à l’absence partielle d’une enzyme appelée la Lactase. Ce trait génétique est fréquent chez les asiatiques, les indiens mais rares chez les caucasiens. 

Les risques d’un régime sans produits laitiers en particuliers fermentés, c’est d’accroître le risque de diabète de type 2, le risque cardio et cérébro-vasculaire, de cancer du colorectal, d’ostéoporose et de dépression selon les résultats d’une étude publiée en 2021, par le Pr Jean-Michel Lecerf. Chez le diabétique, la suppression de produits laitiers n’a aucun bénéfice sur la glycémie. Comme pour tout aliment, il est conseillé de les consommer de façon raisonnable avec 2 à 4 produits laitiers différents dans la journée dont au moins 1 produit laitier fermenté. Il faut éviter les desserts lactés sucrés et chauffés.

Les régimes sans viandes : 

On distingue 2 grandes catégories de régime sans viandes : 

  • Les régimes végétariens : Dans ces régimes il est exclu la viande et parfois aussi le poisson. Sont maintenus ; les œufs et le produits laitiers. 
  • Le régime végétalien : Dans ce régime il est proscrit tous les produits animaux : viandes, poissons, produits de la pêche, œufs, produits laitiers et parfois même le miel, le cuir, la laine, et la soie

Le risque de ces régimes est surtout marqué par un déficit en vitamines et en oligo-éléments ( Fer, Zinc, Sélénium, Iode, Calcium, Oméga 3, et vitamine B12….), un risque très important d’ostéoporose avec fractures et de complication en lien avec le manque de  vitamine B12.

Les régimes à teneur en glucidiques variées 

  • L’alimentation riche en glucidique : a un effet négatif sur la santé chez le diabétique de type 2 ou le patient présentant un syndrome métabolique. Elle déséquilibre la glycémie, favorise la résistance de notre corps à notre propre insuline encore appelée Insulino-résistance

Les régimes pauvres en glucidique : Ils reviennent en force. Le plus extrême des régimes pauvres en glucides est le régime cétogène avec moins de 5% de glucides. C’est un régime extrêmement contraignant et déséquilibré. Il induit la production de corps cétoniques par la dégradation des graisses et reste un danger quant à l’effet des corps cétoniques sur l’organisme.

Les jeûnes : 

  • Les jeûnes intermittents : Ils sont devenus très populaires. On distingue 2 types de jeûnes intermittents : 
    • Le jeûne 16/24 : caractérisé par l’absence de prise alimentaire de 20 heures à 12 heures le lendemain. 
    • Le jeûne 2/7 : caractérisé par la réduction des apports caloriques autour des 500 calories 2 jours par semaine. 
    • Les effets des jeûnes intermittents : Les études montrent que ces jeûnes induisent une perte de poids mais s’accompagnent de craquages compensatoires les jours  ou on ne non jeûne pas. L’équilibre alimentaire est moins bon et la restriction cognitive est plus forte. 

Ces régimes n’apportent aucun bénéfice à court ou à long terme chez le patient diabétique.

Les régimes d’inspiration méditerranéenne : 

Il comprend : 

  • Le régime méditerranéen dans sa forme traditionnelle et le régime nordique dont le concept est proche. Dans les 2 cas il s’agit d’une alimentation  qui n’exclue aucune catégorie alimentaire avec une dominante de produits locaux de terroir, d’aliments bruts, simple et naturels. 
  • Les effets des régimes méditerranéens : Ils ont fait leurs preuves en réduisant la survenue de maladies cardio-vasculaires, neurocognitives, métaboliques et dégénératives.  

Chez le diabétique, l’équilibre glycémique est améliorée du fait de l’index glycémique bas de ces régimes dit d’inspiration méditerranéenne, et de leur faible teneur en aliments hypercaloriques.

Conclusion 

En matière d’alimentation, il faut rester dans les valeurs sûres qui sont : la diversification des aliments et la modération. Nous devons répondre aux interrogations des patients diabétiques qui veulent se lancer dans ces régimes particuliers avec tact et prudence. Dans le cas où le souhait du patient est important, il faut l’ accompagner vers les choix les moins délétères pour sa santé. Ainsi la formation des professionnels de santé est primordiale pour contribuer à une réponse adaptée proposée aux patients.