En France, la moyenne d’âge des personnes diabétiques est de 65 ans, un quart d’entre elles a plus de 75 ans, la majorité souffrant d’un diabète de type 2.
Le diabète des personnes âgées est donc actuellement un réel problème de santé publique.

A quel âge est-on considéré comme « vieux » ?

Pour un enfant, on est vieux dès 45 ans voir même avant.
Dans certains milieux professionnels, la cinquantaine passée, on est « dépassés », « obsolètes » et parfois même dès 30 ans, en particulier dans le milieu sportif.
Pour l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), on entre dans la catégorie des personnes âgées dès 65 ans, ce qui correspond généralement à l’âge de la retraite.

Et pour les diabétologues ?

Usuellement en médecine une personne est considérée comme âgée à partir de 75 ans. Cependant, il est plus juste de tenir compte en priorité de l’âge physiologique des patients.

Mais qu’est-ce que l’âge physiologique ?

Il reflète l’état physiologique ou fonctionnel exact de l’individu. C’est-à-dire qu’il tient compte des atteintes des principaux systèmes physiologiques (pathologies cardio-vasculaires, cérébrales, métaboliques, neurologiques…) et de l’état de dépendance des personnes.

En fait, il correspond à l’âge réel de notre corps et non à celui basé sur notre date de naissance.
Par exemple, une personne de 80 ans en bonne santé, qui pratique une activité physique régulière peut avoir le cœur d’une personne de 50 ans et inversement.

L’HAS (Haute Autorité de Santé) définie quant à elle trois catégories parmi les plus de 75 ans en fonction de leur état de santé :

– les personnes dites « vigoureuses » : en bon état de santé, indépendantes et bien intégrées socialement,
les personnes dites « fragiles » : à l’état de santé intermédiaire et à risque de basculer dans la catégorie des malades. Elles sont décrites comme une population vulnérable, avec des limitations fonctionnelles motrices et cognitives et une baisse des capacités d’adaptation
les personnes dites « malades » : dépendantes, en mauvais état de santé en raison de poly-pathologies chroniques évoluées, parfois génératrices d’handicap et d’isolement social.

Quelles sont les spécificités de la prise en charge du diabète chez les personnes âgées ?

Les personnes âgées dites « vigoureuses » et dont l’espérance de vie est jugée satisfaisante peuvent bénéficier de la même prise en charge que les sujets plus jeunes.
Chez les personnes dites « fragiles « ou « malades », il convient d’adapter la prise en charge dans l’objectif d’améliorer leur qualité de vie et d’éviter la iatrogénie. Cela consiste en priorité à limiter le risque d’hypoglycémie sévère, souvent majoré par des troubles cognitifs, une dénutrition ou une fonction rénale dégradée.

La stratégie de prise en charge se concentre alors sur plusieurs points :

Lutter contre la dénutrition : il faut préférer aux restrictions alimentaires des règles hygiéno-diététiques simples comme l’adaptation des menus aux goûts de la personne même si cela inclut la consommation de produits sucrés de façon plus fréquente (mais pas systématique). En effet, le goût sucré est souvent celui qui persiste le plus chez les personnes très âgées donc ce sont ces produits pour lesquels ils ont le plus d’appétence.
Définir des objectifs glycémiques et d’hémoglobine glyquée raisonnables :
        o Pour les personnes âgées dites « fragiles », une cible d’HbA1c inférieure ou égale à 8 % est recommandée.
o Pour les personnes âgées dites « malades », la priorité est d’éviter les complications aiguës liées au diabète (déshydratation, coma hyperosmolaire) et les hypoglycémies ; des glycémies capillaires préprandiales comprises entre 1 et 2 g/l et/ou un taux d’HbA1c inférieur à 9 % sont recommandés.
Adapter les traitements médicamenteux afin de limiter le risque d’hypoglycémie. Il convient également de prendre en compte la fonction rénale du patient et son état de dénutrition. L’HAS a édité des recommandations pour la stratégie de prise en charge médicamenteuse du patient âgé :
o La metformine et les sulfamides hypoglycémiants doivent être utilisés avec précaution et doivent être arrêtés en cas d’insuffisance  rénale, cardiaque ou hépatique sévère.
o Lorsque les comprimés ne peuvent pas être utilisés, une insulinothérapie est recommandée si nécessaire mais doit être adaptée en fonctions des objectifs glycémiques du patient.
o L’utilisation des analogues du GLP-1 (Victoza, Trulicity, Ozempic) n’est actuellement pas recommandée chez les personnes âgées du fait d’un manque d’étude clinique.
Dépister et limiter l’aggravation des complications liées au diabète

Dans cette prise en charge, la famille joue un rôle fondamental car elle est non seulement le lien entre le patient et le médecin mais elle en est également le pilier :

 

– Elle connait les goûts du patient pour adapter ses menus
– Elle peut donner l’alerte en cas de déséquilibre glycémique, en cas d’altération de l’état général, de la mauvaise prise des traitements etc….
– Elle participe au bien-être de la personne âgée
– Elle gère parfois le quotidien à la maison : prise des médicaments, soins corporels, etc…

En conclusion, il est important que la famille soit inclue dans la prise en charge par le biais d’information et d’éducation thérapeutique.