Par le docteur Bénichou

Au cours de ces dernières années, l’immunothérapie est devenue un traitement de choix pour la prise en charge d’un certain nombre de cancers dont par exemple les mélanomes.

Ces immunothérapies peuvent provoquer des effets indésirables touchant surtout la peau, le tube digestif mais aussi le système endocrinien. Les effets endocriniens les plus fréquents concernent l’hypophyse et la thyroïde. Mais des cas de diabète insulinodépendant ont également été rapportés. Ces diabètes dits insulinopéniques c’est à dire due à une carence en insuline conduisent fréquemment à des acidocétoses voire à des diabètes fulminants. Il s’agit donc d’une atteinte rare mais aux conséquences potentiellement graves compte tenu du caractère brutal de la maladie.

Pourquoi ?

 

Il s’agit probablement d’une toxicité directe de l’immunothérapie au niveau des cellules du pancréas fabriquant l’insuline ( Ilots de Langhérans) appelée insulite.

 

 

Diagnostic ?

On retrouve les symptômes classiques liés à la carence en insuline cad  soif , fatigue, envie d’uriner.

Le diagnostic est confirmé par une prise de sang retrouvant un taux de sucre dans le sang très élevé. Dans les formes les plus sévères qui sont majoritaires (57% des cas dans les études publiées) il existe déjà une décompensation aiguë du diabète à savoir une acidocétose .

Le diabète est diagnostiqué dans un délai médian de 5 mois après le début du traitement par immunothérapie.

Il est à noter que les autoanticorps (Anticorps anti GAD, anti IA2 , anti ZnT8) sont présents dans environ 50% des cas mais leur dosage avant de demarrer l immunotherapie est inutile car leur présence ne semble pas prédire la survenue d’un diabète.

En revanche il semble y avoir une prédisposition génétique avec une fréquence augmentée du génotype HLA-DR4 présents chez 76% des patients ayant developpé un diabète sous immunotherapie .

Compte tenu du caractère souvent très brutal de ce diabète, il est important d’éduquer le patient à la reconnaissance des symptômes annonciateurs comme besoin de boire ou d’uriner beaucoup, douleur abdominale, vomissements.

Traitement ?

Le traitement se fait par insuline. Le diagnostic du diabète impose la mise en place d’une insulinothérapie mais l immunothérapie pourra être poursuivie. La survenue d’un diabète ne contre indique donc pas la poursuite de l’immunothérapie.  Néammoins, en cas de situation sévère, l’immunothérapie pourra être décalé de quelques jours.

 

Et après ?

Le diabète induit par l’immunothérapie présente un caractère définitif et nécessite donc la poursuite de l’insuline à l’arrêt de l’immunothérapie .

Conclusion

La survenue d’un diabète induit par une immunothérapie anticancéreuse nécessite une prise en charge concertée entre endocrinologue et oncologue

Ce risque rare mais grave nécessite une éducation du patient mais aussi une réactivité de l’oncologue pour une prise en charge rapide et adaptée.