Article mis en ligne par le Dr Nelly MORTINIERA tiré de l’article publié D. Nocca, J.P. Urselet, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Inserm U1018, Villejuif, Centre d’investigations cliniques, Inserm1411, Montpellier, Chirurgie bariatrique et métabolique, Centre Hospitalier Universitaire , Montpellier ; fondateur et président de la Ligue contre l’obésité. Ligue contre l’obésité, Paris, Montpellier.

 

Obépi-Roche est le nom donné à une série d’enquêtes réalisées tous les 3 ans de 1997 à 2012 pour permettre d’estimer la prévalence du surpoids et de l’obésité en France. Ces enquêtes ont portés sur un échantillon de 20 000 ménages français avec les résultats suivants :

  • En 1997 : on avait estimé le surpoids à 30 % de la population et l’obésité à 8,5%.
  • En 2012 le surpoids avait augmenté de 2% passant à 32,3% de la population tandis que l’obésité avait quasi doublé en 15 ans passant à une prévalence de 15%. On a mis en évidence au cours de cette période (1997- 2012) : une tendance évolutive du surpoids et de l’obésité.

Une nouvelle édition a été lancée en 2020 par la Ligue contre l’obésité et les statistiques ont été réalisées par l’institut de sondage Odoxa sur un échantillon d’environ 10 000 personnes résidant en France métropolitaine, âgés de 18 ans et plus. Cette nouvelle édition a montré de manière globale une stabilité de la surcharge pondérale avec une prévalence autour des 47, 3% en 2020 contre 47,3 % en 2012. Mais dans le détail, si la prévalence du surpoids a perdu 2% entre les 2 études, (32,3% en 2012 contre 30,3% en 2020), l’obésité a augmenté passant de 15% en 2012 à 17% en 2020, avec l’apparition  de manière significative d’une obésité massive, c’est-à-dire par la présence de patients porteurs d’un IMC > 40 kg/m².

Les maladies associées aux problèmes de poids en particuliers l’hypertension artérielle, le diabète ou le syndrome d’apnée du sommeil augmente fortement et de manière linéaire avec le surpoids et le degré d’obésité.  Pour les taux élevés de cholestérol ou les maladies cardiovasculaires, l’arthrose et les troubles psychologiques, la prévalence de ces maladies commence à augmenter lorsque les patients rentrent dans l’obésité c’est-à-dire, lorsqu’ils atteignent un IMC > 30 kg/m².

Cette initiative de la Ligue contre l’obésité a également mis en évidence :

  • Que les jeunes femmes entre 18 et 25 ans sont les plus touchées par l’obésité.
  • Les hommes sont plus souvent en surpoids.
  • Que sur le plan géographique, il existe un gradient Nord /Sud avec une prévalence de plus de 20% dans la région Haut de France contre une prévalence de 15,5% en Occitanie.
  • Enfin, que d’une façon générale, le surpoids et l’obésité sont fréquents dans les catégories sociales défavorisées. L’enquête Obépi-Roche 2020 a confirmé cette observation mais a également permis de conclure que les tendances sont à la hausse depuis 1997 dans toutes les catégories professionnelles ; chez les personnes sans emploi, chez les ouvriers, aux seins de la catégorie des employés, dans les professions intermédiaires et même chez les cadres et les hauts cadres.

Conclusion :

L’enquête Obépi-Roche 2020 lancée par la Ligue contre l’obésité a permis de compléter la première enquête Obépi-Roche 1997-2012 qui a mis en évidence l’augmentation exponentielle du surpoids et de l’obésité en France depuis 1997 avec une pente plus prononcée chez les jeunes (18-34 ans) chez qui sont apparus des degrés d’obésités plus sévères. Face à ce constat, il est important de renforcer les mesures de préventions pour limiter les retentissements multiples de l’obésité, tant sur la santé individuelle que sur le bien-être psychologique et social. Pour cela il ne fait pas oublier la nécessité de mettre en place des politiques destinées à favoriser l’a pratique de l’activité physique régulière couplée à une offre alimentaire plus saine, abordable et accessible à tous , en particuliers aux plus pauvres.