Et si le sommeil avait un effet sur votre diabète ?

Mis en ligne par le Docteur Nelly MORTINIERA

 

Le sommeil est essentiel pour notre organisme . Il permet à notre corps de récupérer sur le plan physique, psychologique et intellectuel. Le sommeil contribue également à réguler les mécanismes de mémorisation, à l’élimination des toxines, à la reconstitution des stocks d’énergies de toutes les cellules de l’organisme, mais surtout à la régulation des fonctions métaboliques ce qui explique son lien avec le diabète. Il est établi que les gens qui dorment mal ou peu s’exposent davantage à des risques cardio-vasculaires et métaboliques.

Le rythme circadien :

Le rythme circadien caractérise notre journée sur 24 heures avec alternance d’une phase de sommeil en général la nuit et d’une phase de veille le jour. Cette horloge interne fait partie de notre patrimoine biologique et peut varier d’un individu à l’autre. Elle est synchronisée sur des repères temporels essentiels :  la lumière du jour et l’activité sociale. Certains individus ont tendance à se lever plus tôt ou plus tard. Les rythmes circadiens sont essentiels au bon équilibre de l’organisme. Leurs perturbations répétées (troubles du sommeil, travail de nuit, travail de jour avec absence de luminosité naturelle, horaires décalées etc…) ont un impact sur la santé.

Il faut pour bien dormir, 8 heures de sommeil régulier en moyenne. On désigne par gros dormeurs, les personnes qui ont besoin de 9 heures, et plus, de sommeil en moyenne par jour et de petits dormeurs tous ceux qui ont seulement besoin de 6 heures de sommeil en moyenne par jour. Un temps de sommeil au-delà de 10 heures et en dessous de 5 heures peut s’accompagner de perturbations métaboliques.

Les principaux troubles du sommeil :

Insomnie,hyposomnie : (sommeil trop court) : difficulté à s’endormir, sommeil de mauvaise qualité, réveils multiples dans la nuit ou très tôt le matin.

Hypersomnie (sommeil trop long) : sommeil de rattrapage (le week-end, en vacances…), somnolence diurne avec une tendance excessive à s’endormir facilement.

Syndrome des jambes sans repos : sensation d’inconfort dans les jambes qui oblige à se lever.

     

 

 

 

 

 

 

Influence du sommeil sur le diabète :

Les études montrent qu’un manque de sommeil provoque un trouble de la régulation du métabolisme des glucides en diminuant la sensibilité de notre corps à notre propre insuline (encore appelé phénomène d’insulino-résistance) favorisant ainsi la survenue d’un diabète de type 2. Par ce biais il favorise également l’obésité et le syndrome pluri-métabolique qui associe plusieurs maladies métaboliques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, un taux de triglycérides élevé, une obésité abdominale et parfois la goutte.

Une étude réalisée en 2014 sur une cohorte européenne, recrutée à partir de données de registres de 24 cliniques du sommeil, a montré que les personnes porteuses de troubles du sommeil ont une nette propension à faire un diabète de type 2. Et plus en détail, ce sont les personnes porteuses d’apnées du sommeil qui sont sujettes au diabète de type 2.

Les personnes lève- tôt couche-tôt encore appelées chronotypes matinaux ont une incidence du diabète diminuée par rapport aux personnes chronotypes vespéraux ou tardifs (lève-tard couche-tard). Chez ces dernières le risque  de diabète de type 2 est multipliée par 2,5. L’équilibre du diabète est moins bon à durée de sommeil égale si on a un chronotype vespéral.

 

Influence du diabète sur les troubles du sommeil :

Une méta-analyse de 10 études qui a cumulé environ 500 000 participants, suivis entre 2 ans et demi et 16 ans, avec environ 18 000 cas de diabétiques, publiée en 2015 dans la revue Diabetes Care, a montré les résultats suivants :

  • Plus la durée de sommeil est courte, plus le risque de diabète gestationnel est élevé chez les femmes et plus le déséquilibre glycémique est fréquent chez les diabétiques de type 1.
  • Les troubles respiratoires du sommeil ont une prévalence élevée chez les diabétiques de type 1 : en effet un peu plus de 15% des diabétiques de type 1 sont porteurs d’apnées du sommeil.
  • L’apnée du sommeil est le trouble du sommeil le plus fréquent chez le diabétique, elle devra être recherchée devant des symptômes évocateurs qui sont : les ronflements, la sensation de suffocation pendant le sommeil, la somnolence facile dans la journée (piquer facilement du nez !), les maux de tête au réveil, l’impression de sommeil non réparateur, des envies impérieuses d’uriner la nuit. Le syndrome d’apnée du sommeil sera donc dépisté chez les diabétiques porteurs de 3 des symptômes de la liste suscitée par un enregistrement du sommeil.

  • Chez le diabétique, les troubles du sommeil peuvent lorsqu’ils ne sont pas dépistés et pris en charge, favoriser la survenue d’évènements cardio-vasculaires tels que les AVC, les infarctus cardiaques etc….

 

Conclusion :

Les troubles du sommeil ont une réelle influence sur le diabète et vice versa. Un dépistage des troubles du sommeil est donc préconisé  chez les patients diabétiques .  De même il est important de garder une bonne qualité et une durée suffisante de sommeil pour se protéger des risques métaboliques comme le diabète, l’obésité ou l’hypertension arterielle.

Tiré des articles publiés par les Pr A. L. BUREL et V. KERLAN