Article du Dr Muriel BENICHOU d’après une communication du Pr SCHLIENGER et MONNIER

La lutte contre l’excès de sucres dans l’alimentation est actuellement considérée comme une priorité de santé publique pour limiter le risque de surpoids et d’obésité, de maladies cardiovasculaires et métaboliques, mais aussi de caries dentaires. Néanmoins, tous les glucides se valent-ils et faut-il tous les diaboliser ?

1) Rappels sur les différents types de glucides

Plusieurs classifications ont été proposées pour définir les catégories de glucides

  • Glucides rapides et lents
  • Glucides simples et complexes
  • Glucides intrinsèques et ajoutés

La qualité des glucides fait référence à la biodisponibilité plus ou moins rapide de glucose quantifié par l’index glycémique (IG) et la charge glycémique.

D’un point de vue biochimique, les glucides sont séparés en
Monosaccharides : glucose, fructose, galactose
Disaccharides : saccharose (sucre de table), lactose, maltose
Polysaccharides : amidons (féculents, pain)
Fibres solubles et insolubles (fruits, légumes, céréales)
Les sucres intrinsèques sont ceux naturellement présents dans les aliments (fructose du fruit, lactose du lait) alors que les sucres ajoutés sont ceux qui sont ajoutés aux aliments ou aux boissons pendant la transformation ou la cuisson à table (boissons sucrées telles que soda, jus de fruits, sirop, nectar, confiseries)

2) Les apports souhaitables


La plupart des recommandations nationales et internationales préconisent un apport de glucides totaux à 50-55% des apports énergétiques totaux dont moins de 10% (voire 5%) de sucres rapides en insistant sur la limitation de la consommation de sucres dans les aliments et les boissons.
En dehors des sucres rapides, la consommation de glucides ne pose guère de problème pour la santé. Seule la consommation de sucres rapides et ajoutés semble problématique en termes de santé.

 

  • Cas particulier du fructose :

Le fructose est le sucre naturel du fruit, mais est également contenu dans le sirop de maïs à haute concentration de fructose  (HFCS) présent   dans certains biscuits, confiserie et boissons sucrées. La consommation excessive de fructose est associée à une augmentation du taux de triglycérides et du risque de stéatose hépatique (« foie gras »). À long terme, les effets nocifs du fructose sur la santé apparaissent lorsque sa consommation excède 50 g/jour, essentiellement apportés par la consommation de boissons sucrées, abus de confiserie, de pâtisserie et de produits contenant du HFCS. En revanche, le fructose des fruits entiers associé aux fibres et à divers micronutriments n’est pas considéré comme nocif.

 

3) Quels sont les effets délétères sur la santé des sucres rapides et ajoutés ?

De nombreuses études ont étudié le lien entre consommation excessive de sucres rapides et ajoutés et l’augmentation de certaines maladies.

  • Obésité :

Les études observationnelles et interventionnelles ont confirmé le lien entre consommation de boissons sucrées et prise de poids, notamment chez l’enfant.

  • Dyslipidémie :


Les études confirment le lien entre consommation excessive de sucres rapides et ajoutés et augmentation du taux de cholestérol et surtout de triglycérides.

  • Risque cardiovasculaire :



Dans les méta-analyses d’essais randomisés, les apports élevés en sucres rapides sont associés à une augmentation de l’HTA et des maladies cardiovasculaires.

  • Stéatose hépatique non alcoolique (NASH) :

Comme dit précédemment, la consommation de boissons sucrées et plus particulièrement de fructose favorise le dépôt de graisses au niveau du foie appelé stéatose hépatique non alcoolique (NASH).

  • Diabète :

L’existence d’une relation directe entre consommation élevée de sucres rapides et risque accru de développer un diabète de type 2 est encore débattue. Néanmoins, la consommation excessive de boissons sucrées est liée à un sûr risque de diabète de type 2 lorsque les forts consommateurs sont comparés aux faibles consommateurs. Ce sûr risque semble davantage lié à la prise de poids induite par cette consommation excessive qu’à un effet direct du sucre. Concernant le diabète de type 1, il n’y a pas d’argument en faveur d’une relation directe entre consommation de sucre et survenue d’un diabète de type 1.

  • Troubles du comportement alimentaire :

Le sucre est actuellement comparé à une drogue (la poudre blanche) bien que l’addiction au sucre ne soit pas formellement démontrée. Si chez certains le sucre peut conduire à des compulsions en raison d’un désir irrépressible de consommer ces produits, pour autant l’interruption de la consommation n’est pas à l’origine de manifestations cliniques de sevrage.

AU TOTAL

► La relation entre glucides et santé est complexe et n’est pas due à un effet intrinsèque des sucres, mais à l’excès d’apport énergétique

► Les glucides qui sont notre première source d’énergie gardent toute leur place dans une alimentation équilibrée à condition de limiter les sucres rapides à 5 à 10% de l’apport énergétique total