Hommes, Femmes, sommes-nous tous égaux face au diabète ?

Il est de notoriété publique que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. En France, en 2017, l’espérance de vie pour les femmes est de 85,5 contre 79, 5 pour les hommes. En parallèle, on observe également et ce sont les chiffres qui le prouvent que le diabète de type 1 ou de type 2 est plus fréquent dans la population masculine. 1,8 millions d’hommes souffrent de diabète contre 1,5 million de femmes.
Pourquoi cette prévalence ? Qu’est-ce qui peut expliquer que le sexe dit fort soit plus touché par cette maladie ?
1°) Facteurs génétiques, métaboliques et hormonaux.
a) Facteurs génétiques

Le diabète de type 2 :
C’est une maladie à prédisposition génétique : lorsque dans une famille plusieurs de ses membres sont diabétiques, il y a un risque accru de développer la maladie.
Cependant, il s’agit de prédisposition et non de fatalité. Une alimentation équilibrée couplée à de l’activité physique régulière diminue de manière notoire le risque de développer un diabète.

Le diabète de type 1 :
Là encore on va parler de prédisposition ou de terrain génétique qui peut conduire à la maladie. Mais il est à noter que le diabète de type 1 se déclare dans la plupart des cas, dans une famille où aucun de ses membres n’est diabétique.

Pour ces deux types de diabètes : aucune recherche ne démontre un quelconque facteur génétique n’intervient dans la distribution de la maladie en fonction du sexe.

b) Facteurs métaboliques
Un autre grand facteur de risque de développer un diabète de type 2 est l’obésité. Une personne est considérée en obésité lorsque son IMC (Indice de Masse Corporelle) est égale à 30kg /M². Il existe deux grandes formes d’obésité en fonction de la localisation de la masse graisseuse :

*l’obésité gynoïde :
L’excès de graisse se situe principalement au niveau des cuisses et des fesses (la culotte de cheval). Elle touche essentiellement les femmes avant la ménopause.
*l’obésité androïde :
L’excès de graisse se situe au niveau du ventre (obésité abdominale). Elle touche essentiellement les hommes
Or, on sait que 80% des diabétiques de type 2 sont obèses et pour l’essentiel de répartition androïde.
Cette obésité androïde peut provoquer l’apparition d’une insulinorésistance, c’est-à-dire que les cellules répondent de moins bien à l’insuline malgré un fonctionnement normal du pancréas. Le glucose reste dans le sang et l’hyperglycémie s’aggrave progressivement. A terme, le pancréas fatigué peut ne plus fabriquer suffisamment d’insuline pour le bon fonctionnement de l’organisme.
Cependant, les femmes protégées d’une certaine façon jusqu’à la ménopause par la production d’hormones féminines voient leur obésité gynoïde se transformer peu à peu en obésité androïde avec le risque de développer une résistante à l’insuline tout comme leu homologue masculin.

2°) Les complications du diabète : sont-elles les mêmes chez les hommes que chez les femmes ?
a) Les plaies de pieds
Dans le service d’Endocrinologie du Centre Hospitalier de Perpignan, le personnel soignant remarque une très grande majorité d’hommes hospitalisés pour cette complication.

Elle est étroitement liée à la baisse de sensibilité des nerfs de contact empêchant la perception des petites blessures (ampoules, crevasses, ongle incarné, etc…) Ces plaies qui risquent de s’infecter peuvent conduire les médecins à prendre la difficile décision de l’amputation.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette majorité d’hommes touchée par cette complication :
— Comme nous l’avons vu, il y a d’avantage d’hommes diabétiques que de femmes (obésité androïde).
— Des métiers plus à risque pour ces messieurs (travaux dans le bâtiment, dans l’agriculture, la pêche etc…)
— Une moins bonne hygiène de vie (alcool, tabac, alimentation moins équilibrée, moins de visite chez son médecin pour de petits bobos).
Cependant, avec les messages de prévention qui sont largement diffusées dans la presse et les média et une meilleure prise en charge du diabète, on peut espérer une diminution de cette complication dans les années à venir.
b) Diabète et sexualité

De nombreuses complications peuvent toucher la vie sexuelle des hommes et des femmes diabétiques.
• Chez les femmes :
Un déséquilibre glycémique peut être source :
– d’infections multiples dont Les mycoses génitales. Les champignons responsables de ces mycoses adorent le sucre d’où l’importance d’équilibrer son diabète.
A noter parfois que des mycoses à répétitions peuvent être un signe d’alerte d’un diabète déséquilibré ou d’un diabète sous-jacent.

– de sécheresse vaginale ( douleurs lors des rapports)
– des troubles de l’humeur
– de la dépression

• Chez les hommes :
– la dysfonction érectile : c’est l’incapacité à obtenir ou à maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante. Un diabète mal équilibré favorise les dépôts de gras (athérosclérose) dans les artères et peut compromettre sur le long terme l’irrigation de l’artère qui permet l’érection.
– Des mycoses.
3°) Prévention :

Pour la prévention, pas de différence. Equilibrer son diabète est l’affaire de chaque diabétique, homme ou femme :

– Une alimentation équilibrée
– Maintenir un contrôle régulier de sa glycémie
– Une activité physique régulière adaptée à chacun
– Un suivi régulier auprès de son médecin traitant et de son diabétologue