Article mis en ligne par le Docteur Nelly Mortiniera tiré de l’article publié dans Diabétologie Pratique de mars 2020 par B. Bauduceau, S. Bekka, anciens chefs de service, Hôpital Bégin, Saint-Mandé, Institut de diabétologie et nutrition, Mainvilliers.

Introduction :

La mise en place de l’activité physique sur le long terme est malheureusement difficile chez les patients diabétiques si bien que son efficacité est sous-estimée. Pourtant, une alimentation adaptée et une activité physique régulière constituent l’étape préalable au traitement des patients diabétiques. Le but n’est pas que les patients deviennent des sportifs de haut niveau, mais qu’ils modifient sans trop de difficultés leurs habitudes de vie au jour le jour et de façon pérenne.

 

L’activité physique regroupe les activités liées à la vie quotidienne, professionnelle, aux transports et aux loisirs (Ménage, jardinage, pratique du vélo, marche, danse…). Le temps minimal recommandé pour une activité physique modérée est de 30 minutes ou 10 000 pas pour l’adulte et 60 minutes ou 15 000 pas pour l’enfant.
La sédentarité correspond à la somme des moments passés en position assise. Elle est mauvaise pour la santé lorsque le temps passé assis est supérieur à 7 ou 8 heures.
Pour la santé des patients diabétiques il est recommandé d’être actif et non sédentaire. La pratique d’une activité physique ou sportive est influencée par différents facteurs qui sont : l’âge, le sexe, le niveau socio-économique, les conditions de vie familiale et le lieu de résidence. Tous ces facteurs peuvent rendre difficile l’accès à la pratique sportive. La France se situe parmi les plus mauvais élèves européens en matière d’activité physique. Cette situation semble se dégrader au fil du temps.

 

Existe-t-il des différences entre homme et femme présentant un diabète ?

Le nombre de femme ne pratiquant pas d’activité physique est supérieur à celui des hommes. Seules 25% des femmes sont actives. Ceci va favoriser l’apparition ou l’aggravation du diabète et des maladies métaboliques. Enfin, l’obésité plus fréquente chez les femmes, favorise la sédentarité qui en retour aggrave la prise de poids. Une alimentation déstructurée accompagnée de sédentarité sont souvent les facteurs qui expliquent l’obésité qui elle-même va favoriser la survenue du diabète de type 2.

       

 

Comment prévenir la survenue du diabète par des mesures non médicamenteuses ?

Des études scientifiques ont été réalisées au début des années 2000 et ont permis de montrer que la pratique régulière d’une activité physique et le suivi d’une alimentation équilibrée permettait de diminuer l’apparition du diabète. Ces études ont également montré que cet effet peut persister longtemps tant que se maintiennent ces mesures d’hygiène et diététiques.

Quels sont les bénéfices de l’activité physique chez les patients diabétiques ?

Le traitement non médicamenteux du diabète permet : de prévenir l’apparition du diabète, d’être efficace sur l’équilibre glycémique sans prise de poids et d’être efficace sur les glycémies d’après repas sans entraîner d’hypoglycémies. Ces mesures n’ont pas d’effets secondaires néfastes, elles permettent la prévention des maladies cardio-vasculaires,  sont peu coûteuses et peuvent être associées aux traitements médicamenteux.

L’activité physique favorise l’utilisation du glucose par le muscle et par ce biais agit sur la résistance de notre corps à notre propre insuline (l’insulino-résistance). Elle agit également sur le tissu adipeux en favorisant la dégradation du tissu gras. En 2009, l’analyse de plusieurs études sur l’impact de l’activité physique dans le diabète de type 2, a permis de montrer que l’activité physique diminue de 0,6 % l’HbA1c.
Sur le plan cardio-vasculaire, la pratique de l’activité physique diminue de 6 mmHg la Pression artérielle systolique, et de 4mmHg la pression artérielle diastolique. Enfin, l’activité physique augmente « le bon » cholestérol (HDL) et diminue « le mauvais » cholestérol (LDL) et les triglycérides. Les sportifs réguliers ont un taux de bon cholestérol jusqu’à 30% plus élevés que chez les personnes sédentaires.

Le cas particulier de la diabétique enceinte ou du diabète gestationnel :

Chez ces femmes, la pratique d’une activité physique est recommandée avant ou dès le début de la grossesse. En cas de diabète gestationnel et en l’absence de contre indication médicales ou obstétricales une activité physique 3 à 4 fois par semaine sur des durées courtes, de faible intensité est vivement recommandée sous la forme de marche, de natation, de vélo d’appartement ou de gymnastique douce. Il convient d’éviter dans cet état, les activités comportant des risques de chute ou exposant à des traumatismes ou encore nécessitant des déplacements brusques. Enfin, la plongée et les activités dangereuses en altitude doivent être proscrites.

         

Quels sont les limites et les freins de l’activité physique ?

En plus du manque de temps, des raisons familiales, des problèmes articulaires, on note chez les diabétiques ; la peur des hypoglycémies, la peur de l’augmentation de la pression artérielle, les problèmes physiques et psychologiques liés à l’obésité. Pour pallier à ces difficultés, les personnels de santé doivent porter leur discours sur les facteurs de motivation qui sont : le fait de sentir mieux après la pratique de l’exercice physique, de lutter contre le vieillissement, d’évacuer le stress, de concourir efficacement aux soins de son diabète.

Quelles sont les précautions et les contre-indications à l’activité physique chez le diabétique ?

Avant de débuter l’activité physique il est nécessaire de réaliser :
Un bilan cardio-vasculaire pour réaliser les examens de dépistage de l’atteinte du cœur par le diabète et de rechercher l’attaque cardiaque silencieuse du diabétique par la pratique d’une Épreuve d’Effort Cardiaque ou du Score calcique coronaire.
Un examen des yeux à la recherche d’une Rétinopathie Diabétique, qui lorsqu’elle est grave et instable constitue une contre-indication à la pratique d’une activité physique. Par contre, la présence d’une rétinopathie traitée et non évolutive ne doit pas empêcher de réaliser une activité physique régulière.

l’examen des pieds est un préalable à la pratique de l’exercice physique pour adapter et donner des conseils de chaussage.

Pour les patients traités par insuline ou par sulfamides hypoglycémiants, une éducation du patient est indispensable afin d’éviter les hypoglycémies. Une surveillance des glycémies est impérative et doit conduire à la prise d’une collation avant de réaliser l’exercice physique si la glycémie est < à 1,5 g/l. De même, une glycémie > 2,5 g/l doit être corrigée et l’activité physique sera différée d’autant plus qu’il existe la présence d’acétone dans le sang.
Chez les patients sous insuline, l’activité physique doit être programmée pour anticiper sur les doses d’insuline rapide d’avant les repas :
o Si l’activité physique se déroule moins de 3 heures après le repas, la dose d’insuline rapide sera diminuée de 30 à 50% lors du repas qui précède cette activité physique.
o Par contre, si l’activité physique se déroule plus de 3 heures après le repas c’est la dose d’insuline rapide du repas suivant qui sera diminué de 30 à 50 %.
Chez les patients sous pompe à insuline, il est nécessaire d’utiliser le débit de base temporaire diminué d’au moins 50% pendant l’activité physique et les 2 heures qui suivent.

Quelle mise en œuvre pratique ?

La question de l’activité physique doit être intégrée dans le suivi du patient diabétique. L’adhésion du patient à une activité physique nécessite d’évaluer ses capacités à pratiquer une activité physique, à préciser ses craintes et à clarifier l’image du sport.
Il est également important de valoriser les effets bénéfiques attendus par la pratique d’une activité physique et de l’organiser de manière progressive en y introduisant une dimension « Plaisir » et de convivialité. L’intensité de l’activité physique doit être raisonnable et doit tenir compte des capacités physiques du patient.
En cas d’échec au bout de 6 mois voir 1 an, il peut être nécessaire d’orienter le patient vers un programme adapté de réseau de santé ou vers une association : Sport-Santé.

 

Quelles précautions matérielles à mettre en place ?

Ce sont : le port de de chaussures adaptées, les soins quotidiens des pieds, une hydratation correcte pendant l’effort, la surveillance régulière de la fréquence cardiaque et de la glycémie.
Avant de débuter l’activité physique, le patient diabétique doit s’assurer de disposer de boissons, de morceaux de sucre et de glucides à index glycémique bas. La sécurité est d’éviter de pratiquer l’activité physique seul surtout si elle est intense et de disposer d’un téléphone portable pour pouvoir alerter les secours.

     

 

Conclusion :

Touts les mesures portant sur la diététique et l’activité physique sont efficaces et constituent le préalable indispensable à la prise en charge des patients diabétiques. Malheureusement pour beaucoup de patients, elles constituent une modification du mode de vie qui n’est pas toujours facile à accepter et à observer sur le long terme.
Les consultations régulières doivent intégrer la motivation à la pratique des l’exercice physique pour les patients diabétiques de même que l’amélioration de l’équilibre alimentaire. La dimension psychologique portant sur le plaisir, la lutte contre l’isolement, l’effet antidépresseur et l’estime de soi, doivent constituer des leviers très utiles pour la mise en place de l’activité physique qui permet l’amélioration globale de la santé en particulier des patients diabétiques.