(Mis en ligne par le Docteur Nelly MORTINIERA, tiré de l’article publié dans la revue Diabète et obésité d’octobre 2020 par le Dr Bernadette DIJOUX, endocrinologue, Institut de diabétologie et de nutrition du centre, Mainvilliers, Orléans). 

Introduction :

Il s’agit d’un sujet moins abordé que celui de la dysfonction sexuelle chez l’homme. Il est pourtant fréquent. La dysfonction sexuelle chez la femme diabétique se retrouve dans 35 à 71% des diabétiques de type 1 et jusqu’à 65% des femmes diabétiques de type 2 âgées de 18 à 70 ans.  

Les symptômes :

Ils touchent les 3 phases du cycle sexuel normal qui sont : 

La phase de désir : marquée par un manque de motivation pour l’activité sexuelle avec la parte de l’initier ou d’y participer. 

La phase d’excitation : qui résulte de l’association d’un trouble vasculaire ou neurologique associé à une diminution du désir sexuel

La phase de l’orgasme : qui peut être perturbée en fréquence, en intensité et en durée. 

Pour être considérés comme dysfonction sexuelle chez la diabétique il faut que ces signes perdurent pendant au moins 6 mois. 

Les causes :

Elles peuvent être d’ordre : 

Physiologiques : c’est la conséquence d’un diabète ancien surtout s’il est mal équilibré avec l’atteinte vasculaire qui diminue la vascularisation, l’atteinte neurologique qui diminue la sensibilité et les sensations et l’hyperglycémie chronique qui diminue la lubrification et favorise les infections génitales. 

Psychologiques : c’est l’image du corps, la peur de l »’hypoglycémie pendant l’acte sexuel ; la dépression et l’anxiété. 

Médicamenteuses : Les traitements des comorbidités (HTA, cholestérol etc…). 

   

La prise en charge :

Elle est multifactorielle. Elle se résume à : 

  • Une prise en charge psychologique avec le suivi par un spécialiste sexologue,  la mise en place d’un espace de parole, un accompagnement spécialisé en cas de dépression et de suivi et la nécessité d’un travail sur le couple car la solution réside aussi dans le style de vie du couple. 
  • La rechercher de paramètres défavorisant qu’il faudra tenter de circonscrire, c’est-à-dire : 
    • Un meilleur équilibre du diabète
    • La lutte contre l’obésité et le syndrome métabolique
    • Arrêter de fumer, éviter les abus d’alcool
    • Bouger tant que faire se peut. 
    • Prendre en charge l’incontinence urinaire et les troubles du sommeil s’il existent.
    • Trouver un support et une activité sociale permettant de s’épanouir
    • Les traitements médicamenteux non accessibles pour l’heure en France ou très controversés ou encore n’ayant pas d’AMM dans le cadre de la prise en charge de la dysfonction sexuelle chez la femme du fait d’effets secondaires importants…
    • La méthode PLISSIT : il s’agit d’une méthode de prise en charge intensive qui permet d’offrir aux patientes diabétiques, un endroit sûr pour exprimer leurs sentiments, explorer les solutions avec leurs partenaires en se référant à une équipe multidisciplinaire comportant : 
      • Un diabétologue avec un référent nutritionniste
      • Un rééducateur sportif
      • Un urologue, 
      • Un gynécologue
      • Un psychiatre et un psychologue
      • Un sexologue
      • Un physiothérapeute spécialisé dans la thérapie du plancher pelvien. 

Conclusion :

La dysfonction sexuelle est fréquente chez la femme diabétique. Chacune des étapes du cycle sexuel est perturbée. La réponse sexuelle chez la femme est beaucoup plus complexe que chez l’homme. De ce fait les freins retrouvés chez la femme diabétique sont plus nombreux. La prise en charge psychologique est indispensable. La méthode PLISSIT encore peu connue consiste en une prise en charge intensive et pluridisciplinaire autour de cette problématique. Les traitements de la dysfonction sexuelle chez la femme diabétique ne sont pas encore accessible. Les molécules les plus prometteuses sont encore à l’étude.