Article mis en ligne par le Docteur Nelly MORTINIERA, tiré de la Revue Diabétologie Pratique, publié en octobre 2020 par Benjamin Wyplosz, Groupe de réflexion pluridisciplinaire sur la vaccination.

Les comorbidités sont fréquentes :
En dehors des maladies cancéreuses nécessitant des traitements qui diminuent l’immunité, de nombreuses maladies chroniques exposent les personnes qui en sont atteintes à des risques d’infections plus fréquentes et plus graves. Il s’agit de personnes atteintes de diabète, de problèmes respiratoires, d’infarctus cardiaque ou d’insuffisance rénale sévère. Ces maladies vont s’associer pour donner naissance aux comorbidités. A cela, peut s’ajouter l’âge qui concoure à fragiliser les personnes atteintes de maladies chroniques et à les rendre plus vulnérables. Ainsi, les personnes atteintes de maladies chroniques âgées de plus de 65 ans porteuses d’au moins 2 comorbidités, ont un risque multiplié par 4 de présenter une pneumonie infectieuse. Ce risque est multiplié par 9 lorsqu’elles sont porteuses de plus de 3 comorbidités.


Les conséquences des comorbidités :
La présence de comorbidités augmente la survenue des infections graves nécessitant une hospitalisation ainsi que le taux de mortalité chez les patients porteurs de maladies chroniques. Ces comorbidités vont également s’aggraver ou décompenser à l’occasion d’une infection et entrainer une détresse respiratoire pour les patients porteurs de problèmes respiratoires chroniques, une insuffisance cardiaque pour les patients ayant déjà fait un ou plusieurs épisodes d’infarctus, un déséquilibre glycémique chez les diabétiques avec nécessité d’avoir recours à un traitement par insuline de manière transitoire ou définitive chez les diabétiques de type 2, ou de devoir augmenter les doses d’insuline initiales chez les diabétiques de type 1.


Une meilleure couverture vaccinale permettrait de limiter le risque infectieux :
Certaines infections comme la grippe ou la pneumonie à pneumocoque infectent souvent les patients atteints de comorbidités. Ces infections sont accessibles à la vaccination mais bien que le calendrier vaccinal recommande ces vaccins depuis de nombreuses années, les taux de couverture vaccinale restent insuffisants. Ainsi la vaccination contre la grippe n’a été effectuée que chez 47 % des personnes atteintes de maladies chroniques en 2019. La vaccination contre le pneumocoque étant moins pratiquée car peu connue, n’a concerné que oins de 30 % des patients atteints de maladies chroniques. D’ailleurs, nombreux sont le patients atteints de comorbidités qui ne connaissent pas leur statut vaccinal. On espère que la mise en place de Dossier Médical Partagé (DMP) permettra de tracer les vaccins remboursés. On espère aussi, améliorer le profil vaccinal des patients grâce à la diffusion du carnet électronique qui sera mis en place à l’avenir.

Les occasions de vacciner ne doivent pas être manquées :
Les médecins généralistes se sont engagés en première ligne dans la vaccination des patients porteurs de comorbidités ou immunodéprimés. Au cours de leur parcours de soin ces patients sont également pris en charge par d’autres professionnels de santé. Ces derniers sont d’autant d’occasions qui ne doivent pas être manquées pour améliorer la couverture vaccinale de ces patients. Parmi ces occasions on note : la visite chez le spécialiste, les hospitalisations de jour, les visites des infirmiers à domicile, le passage chez le pharmacien …
Il est essentiel que l’ensemble des professionnels de santé s’implique dans l’amélioration des taux de vaccination des patients porteurs de maladies chroniques. Cette démarche de prévention vaccinale, renforce l’action de l’Assurance Maladie qui assure le remboursement des vaccins chez cette catégorie de patients.

Conclusion :
Les comorbidités comme le diabète, les problèmes respiratoires, cardiaques ou rénaux, s’associent pour fragiliser les patients face aux infections courantes telles que la grippe, la pneumonie et bien d’autres. Celles-ci deviennent des affections plus fréquentes et plus graves entrainant en retour des décompensations répétées des ces maladies chroniques augmentant la fréquence d’hospitalisation de ces patients devenus fragiles et le taux de mortalité. Au regard de l’enjeu de santé publique que représentent les infections chez les patients atteints de maladies chroniques, tous les soignants impliqués dans le parcours de soins de ces patients doivent s’engager dans une démarche de prévention vaccinale comme le souligne un récent communiqué de l’Académie Nationale de Médecine : « L’ensemble des personnels soignants doit s’impliquer en adoptant une démarche simple : Le premier qui y pense vaccine, et informe ensuite les autres… »