L’allergie à l’insuline : mythe ou réalité ?

L’allergie à l’insuline est un phénomène mal connu et probablement sous-estimée car les manifestations sont parfois transitoires et sans gravité. On estime que cette complication survient dans 1 à 5 % des cas et sa fréquence s’est drastiquement réduite depuis les années 50 (où elle était de plus de 50%) avec l’apparition des nouvelles insulines humaines hautement purifiées. Cependant, il semble qu’il soit en recrudescence avec l’utilisation d’insulines de dernière génération, génétiquement modifiées.
Cette allergie peut survenir plusieurs semaines voire plusieurs années après le début du traitement par insuline, chez des personnes atteintes indifféremment de diabète de type 1 ou 2, qu’ils soient porteurs ou non d’un terrain allergique.

Manifestation de l’allergie

Dans la grande majorité des cas, la réaction allergique à l’insuline se manifeste au niveau du point de ponction, dans les 30 minutes qui suivent l’injection (hypersensibilité immédiate). Il s’agit généralement d’une plaque d’urticaire avec démangeaison, voire une sensation de brûlure, d’intensité variable. Elle disparaît spontanément en moins de 24 h.
Une réaction généralisée, de type choc anaphylactique, est possible mais reste exceptionnelle.

 

Allergie à l’insuline, l’importance du diagnostic

L’insuline est une protéine immunogène cela signifie qu’elle induit une réponse immunitaire dans des conditions normales chez tout patient insulinotraité. Parfois, elle peut se comporter comme un allergène et entraîner une réaction pathologique dont les mécanismes sont encore mal connus.
Il est important de déterminer si l’allergène responsable est la molécule d’insuline même, l’un des excipients présent dans le produit ou l’un des éléments servant à réaliser l’injection (au nickel contenu dans l’aiguille en particulier). Pour cela, réaliser des test allergologiques est indispensable afin que votre médecin vous propose une alternative thérapeutique appropriée. Ils doivent être pratiqués au moins cinq jours après l’arrêt de tout traitement anti-allergique. Un échantillon de différentes insulines et substances potentiellement allergènes est déposé dans le derme à l’aide d’un stylet spécial et à des concentrations progressivement croissantes. Le médecin observe ensuite les réactions cutanées.

Une réaction à certaines insulines et pas à d’autres permet d’orienter vers une allergie à l’un des excipients contenu dans l’une et pas dans l’autre. Au contraire, une réaction à toutes les insulines testées signe l’allergie à la molécule d’insuline elle-même.

Attention : Toute manifestation au point d’injection n’est pas synonyme d’allergie à l’insuline ou à l’injection d’insuline :

  • S’il existe une réaction inflammatoire centrée autour du point d’injection avec présence d’un peu de pus, c’est probablement une infection
  • Une peau particulièrement réactive peut, par frottement peut réagir à l’injection et produire une réaction très ressemblante à une réaction allergique. C’est ce qu’on appelle un dermographisme.
  • La sensation de brulure de l’insuline glargine (lantus) est sans rapport avec une allergie.
  • Il faut bien différencier les lipodystrophies (petites masses graisseuses, induites par une mauvaise pratique de l’injection de l’insuline) d’une réaction allergique.
  • Toute urticaire n’est- pas en lien avec l’injection de l’insuline, en particulier si celui-ci ne débute pas au point d’injection ou est non rythmé par celles-ci.

Choix d’un traitement adapté

Lorsque l’allergie à la molécule d’insuline est confirmée, un réel problème thérapeutique se pose. En effet, les patients atteints d’un diabète de type 1 ou tous autres patients insulinotraités n’ont pas d’autre choix thérapeutique que l’insuline.

En cas d’allergie à un excipient (protamine…) ou à un des éléments du système injecteur (allergie au nickel de l’aiguille), le changement d’insuline ou de type d’aiguille permet de régler le problème.
Si l’allergie à l’insuline est avérée, la mise en place d’un traitement antihistaminique oral, peut conduire à la disparition spontanée des signes d’allergie mais il ne met pas à l’abri d’une réaction généralisée.
Une désensibilisation sous-cutanée peut être proposée lorsque les symptômes persistent. Cependant, les procédés de désensibilisation utilisés pour d’autres types d’allergies (acariens…) ne sont pas toujours faciles à mettre en place chez ces patients ayant un besoin vital d’insuline. Le risque de décompensation grave du diabète (céto-acidose) se surajoute au risque de choc anaphylactique. La désensibilisation doit être effectuée en milieu spécialisé, un chariot d’urgence à proximité pour pallier à toute réaction généralisée.

Des études ont montré que l’infusion sous-cutanée continue d’une petite dose d’insuline à l’aide d’une pompe à insuline externe présente un double intérêt thérapeutique et a déjà fait ses preuves dans le cas d’allergie à l’insuline localisée ou généralisée. Ce traitement est institué en hospitalisation sous couvert de traitement antihistaminique.

Conclusion

Les réactions allergiques aux insulines demeurent une complication rare mais préoccupante pour les patients insulinotraités. Elles nécessitent un diagnostic rapide et une prise en charge adéquate pour assurer un équilibre glycémique satisfaisant en toute innocuité. Les manifestations cliniques sont variées, allant d’une simple réaction cutanée localisée, aux réactions généralisées. Une allergie « à l’insuline » peut en fait résulter d’une réaction allergique à la molécule d’insuline elle-même, à une substance contenue dans l’excipient ou encore à un des éléments servant à faire l’injection (nickel de l’aiguille). En cas de suspicion d’allergie à l’insuline, contactez votre médecin au plus tôt afin que le diagnostic soit précisé par des tests allergologiques.