Les recommandations actuelles émises par le référentiel FITTER (Forum of Injection Technique & Therapy Expert Recommandations) préconisent l’utilisation d’aiguille les plus courtes possible (soit actuellement de 4 mm). Or, lorsqu’on demande aux patients quelle est la longueur de leurs aiguilles à insuline, trop nombreux sont ceux qui nous répondent : « 8 mm » et encore trop de médecins traitants ou d’hôpitaux considèrent que cette taille est la norme en diabétologie. Et cette réalité se vérifie au niveau international. En effet, en 2017, une vaste étude portant sur la technique d’injection chez plus de 13 200 patients sous insuline a été réalisée au sein de 42 pays différents et il en ressort que bon nombre de ces patients utilisaient des aiguilles plus longues que celles recommandées.

1/ Rappels

L’injection d’insuline ou d’analogues du GLP-1 doit toujours se faire en sous cutané afin de garantir une réabsorption correcte du produit.
Les aiguilles de 4 mm sont suffisamment longues pour atteindre les tissus sous-cutanés, avec un risque minime d’injection intra-musculaire, c’est pour cela qu’elles sont conseillées.

Une étude portant sur 1208 diabétiques sous injection a permis de constater que :

  •  pour les aiguilles de 12,7 mm : 50% des injections étaient faites dans le muscle
  • Pour les aiguilles de 8 mm : moins d’1/3 des injections se faisait dans le muscle

L’ injection en intramusculaire doit être évitée car :

  • La vitesse de résorption de l’insuline dépend de l’activité musculaire. Ce qui signifie que la mise en mouvement du muscle va entrainer une augmentation de la vitesse d’absorption de l’insuline et ainsi majorer le risque d’hypoglycémie.
  • Cela peut occasionner des variations de la valeur glycémique.
  • Elles sont douloureuses.
  • Elles sont susceptibles de causer des hématomes.

2/ Tordre le cou aux idées reçues

De nombreuses personnes pensent encore que les aiguilles de 4 mm sont réservée à une certaines catégorie de patients : des personnes minces avec de petites doses à injecter. Or Cette taille d’aiguille convient à tout type de patient.

– Ce n’est pas pour les patients obèses

Quelque soit l’IMC du patient l’épaisseur du derme varie peu de 2 à 3 mm. Cependant, l’épaisseur du tissus sous-cutané lui varie entre les hommes et les femmes et il est plus épais chez les personnes obèses.

Lorsqu’on regarde le schéma ci-dessus, on pourrait se dire que l’utilisation d’une aiguille de 8 mm n’engendrerait pas de risque d’injection en intra-musculaire chez le patient obèse du fait de l’épaisseur importante du tissus sous-cutané. C’est le plus souvent exact mais des études ont démontré que l’injection était aussi efficace lorsqu’elle se faisait dans le tissu sous-cutané superficiel ou profond. Et l’on dispose de suffisamment de preuves pour affirmer que la longueur d’aiguille la plus courte est associée à une douleur réduite. Elle est mieux acceptée par le patient et permet l’obtention d’un contrôle glycémique équivalent. Par conséquent, les aiguilles de 4 mm sont donc tout à fait adaptées.

– Je ne peux pas injecter de « grosses » doses d’insuline (> à 40 UI)

Il est vrai qu’à une époque, il était recommandé de n’utiliser des aiguilles de 4 mm que pour des doses inférieures à 40 ui. Cependant, les avancées technologiques nous permettent aujourd’hui d’avoir sur le marché des aiguilles de 4 mm possédant une paroi ultra fine, permettant ainsi d’augmenter le diamètre interne de l’aiguille. Par conséquent, un plus gros volume peut être injecté.

– Avec des aiguilles de petite taille, de l’insuline ressort de la peau après injection

Il arrive que les aiguilles courtes induisent une perte d’insuline à la fin de l’injection (goutte qui “ressort” sur la peau) qui peut être la cause d’un déséquilibre du contrôle glycémique. En réalité, ce problème ne vient pas uniquement de la longueur de l’aiguille mais plutôt du temps d’attente avant le retrait de celle-ci. En effet, de nombreux patients n’attendent pas les 10 secondes recommandées avant de retirer l’aiguille du corps. L’insuline n’a donc pas le temps d’être correctement injectée.

Conclusion

Le but des injections d’insuline, des analogues du GLP-1 ou autre est de faire parvenir efficacement le médicament dans l’espace sou-cutané, sans fuite et avec un minimum d’inconfort. Pour atteindre cet objectif, le choix d’une aiguille de longueur appropriée est crucial. Les études ont démontré que des aiguilles de 4 mm remplissaient parfaitement ce rôle quelque soit l’âge, le sexe ou le morphotype du patient. Il est donc important de faire évoluer les mentalités dans ce sens afin de diminuer le risque de déséquilibre glycémique lié à une injection en intramusculaire ou d’inconfort pour le patient.
Ces mêmes études ont également démontrée qu’un tiers des patients sous insuline présente des lipohypertrophies (nodules ou des bosses dans les tissus adipeux au niveau des sites d’injection). Cette complication est associée à une mauvaise rotation des sites d’injection et souvent à la réutilisation d’une même aiguille pour plusieurs injections. Pour rappel, je vous revoie à nos articles sur les bonnes pratiques de l’injection d’insuline  ( https://www.diabete66.fr/les-bonnes-pratiques-de-lutilisation-des-stylos-a-insuline/) et sur les complications possible au niveau du site d’injection (https://www.diabete66.fr/les-complications-possibles-au-niveau-des-sites-dinjections/)