mis en ligne par le Dr Céline Eid d’après la publication de l’OMS sur la Classification des diabètes sucrés (2019) et d’après la communication du Pr José TIMSIT aux Journées Guéritée (novembre 2019)

Le diabète est une maladie chronique qui survient lorsque le pancréas ne produit pas assez d’insuline ou lorsque l’organisme n’est pas capable d’utiliser efficacement l’insuline qu’il produit. Il en résulte une augmentation du taux de glucose dans le sang ou hyperglycémie.

Le diabète est défini par :
– une glycémie à jeun supérieure ou égale à 1,26 g/L (7 mmol/L)
– ou une glycémie 2 heures après charge orale en glucose supérieure ou égale à 2 g/L (11,1 mmol/L)
– ou une glycémie supérieure à 2 g/l à n’importe quel moment de journée en présence de symptômes d’hyperglycémie

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a révisé en juin 2019 la classification des diabètes, distinguant ainsi les formes « hybrides » et les formes « non classées » qui n’existaient pas dans la précédente classification de 1999.

On distingue ainsi les types de diabètes suivants :

DIABÈTE DE TYPE 1

Le diabète de type 1, qui concerne 5 à 10 % des patients diabétiques, est défini par un déficit quasi-complet de la sécrétion en insuline (= insulinopénie) lié à une destruction des cellules bêta pancréatiques médiée, la plupart du temps, par le système immunitaire. Il se caractérise par la présence de marqueurs d’auto-immunité anti- cellules bêta (anticorps anti GAD, anti insuline, anti IA-2, anti ZnT8 dosables dans le sang).

Classiquement, le diabète de type 1 se révèle chez un enfant ou adulte jeune, mince, et se manifeste par la survenue d’une diurèse abondante, liée à l’hyperglycémie, associée à une soif excessive avec augmentation des apports liquidiens ; c’est le syndrome polyuro-polydipsique. Il s’y associe un amaigrissement voire une acido-cétose diabétique en rapport avec une carence profonde de la sécrétion en insuline.

En pratique, tous les tableaux cliniques peuvent être révélateurs d’un diabète de type 1, de l’acido-cétose sévère au simple dépistage d’une hyperglycémie modérée en passant par le diabète diagnostiqué au cours de la grossesse.

DIABÈTE DE TYPE 2

Le diabète de type 2, dont l’incidence est en augmentation, représente 90 % des cas de diabètes. Il résulte d’anomalies quantitatives et qualitatives de la sécrétion en insuline qui devient insuffisante pour compenser une insulinorésistance. Il est favorisé par des facteurs environnementaux et génétiques ; il s’agit d’un diabète polygénique, c’est-à-dire que plusieurs gènes sont impliqués. Il est souvent la conséquence d’un surpoids ou d’une obésité associés à une activité physique insuffisante.

LES FORMES HYBRIDES DE DIABETE

1) Le diabète auto-immun de développement lent

appelé anciennement LADA pour « Latent Autoimmune Diabetes in Adults » ou Diabète de type 1 lent.
Il se distingue du diabète de type 1 « classique » par une progression plus lente vers la destruction des cellules bêta pancréatiques. Son mode de révélation diffère de la carence insulinique aiguë et peut laisser croire à un diabète de type 2 mais, contrairement à celui-ci, il évolue plus rapidement vers un traitement insulinique et est associé à la présence de marqueurs d’auto-immunité.

2) Diabète de type 2 cétosique

Il se caractérise par des épisodes de cétose chez un patient présentant des symptômes d’hyperglycémie et de carence insulinique, mais, contrairement au diabète de type 1, le système immunitaire n’est pas impliqué. L’évolution ultérieure est semblable à celle du diabète de type 2, les patients pouvant se passer d’insuline une fois la phase aiguë jugulée.
Cette forme de diabète est majoritairement observée dans les populations africaines sub-sahariennes et afro-américaines (diabète africain).

LES AUTRES TYPES DE DIABÈTE

1) Les diabètes monogéniques

Les diabètes monogéniques ont été initialement décrits, sous le terme de MODY (Maturity-Onset Diabetes of the Young), comme une forme de diabète non cétosique, non insulino-dépendant, survenant avant l’âge de 25 ans et de transmission autosomique dominante, touchant plusieurs générations successives, suggérant l’anomalie moléculaire d’un gène unique. Les diabètes monogéniques peuvent se révéler en période néo-natale ou dans la petite enfance mais peuvent également être diagnostiqués à l’adolescence ou l’âge adulte. Le diabète peut s’associer à d’autres symptômes dans le cadre de formes syndromiques.
Chez l’enfant et l’adulte, des études de population ont montré que les diabètes monogéniques concernaient au moins 1 à 2 % de l’ensemble des diabètes.

2) Autres causes de diabète

– Les atteintes pancréatiques telles qu’un traumatisme, une chirurgie, une tumeur, une inflammation aiguë ou chronique du pancréas (pancréatite)…

– Les désordres endocriniens avec sécrétion excessive d’hormones antagonistes de l’insuline (hyperthyroïdie, hypercorticisme, acromégalie, phéochromocytome, glucagonome…)

– Les causes iatrogènes : médicaments ou substances chimiques qui altèrent la sécrétion ou l’action de l’insuline (cortisone par exemple) ou qui détruisent les cellules bêta pancréatiques

– Certaines infections virales associées à une destruction des cellules bêta

– Les formes spécifiques de diabète associées à des pathologies immunitaires rares

– Les autres anomalies chromosomiques ou génétiques associées au diabète (trisomie 21…)

LES FORMES NON CLASSÉES

Cette catégorie ne doit être utilisée que temporairement lorsqu’il n’est pas possible de classer le diabète notamment au moment du diagnostic.

HYPERGLYCÉMIE DIAGNOSTIQUÉE DURANT LA GROSSESSE

1) Diabète gestationnel

Le diabète gestationnel se caractérise par la survenue, au cours de la grossesse, d’une hyperglycémie au-dessus des valeurs normales de grossesse mais à des valeurs inférieures à celles conduisant à poser le diagnostic de diabète de type 1 ou de type 2.

Il est défini par les critères OMS de 2013, c’est à dire par :
– une glycémie à jeun supérieure ou égale à 0,92 g/L (mais inférieure à 1,26 g/L)
– ou une glycémie une heure après une charge orale de 75 g de glucose supérieure ou égale à 1,80 g/L
– ou une glycémie deux heures après charge orale en glucose supérieure ou égale à 1,53 g/L.

Le diabète gestationnel est généralement diagnostiqué sur le dépistage des femmes à risque et nécessite une prise en charge adaptée en raison du risque accru de complications materno-fœtales et néonatales en cas d’hyperglycémie.

2) Diabètes diagnostiqués au cours de la grossesse

Si la glycémie à jeun est d’emblée supérieure à 1,26 g/L ou si la glycémie 2 heures après charge orale de glucose dépasse les 2 g/L, il s’agit en général d’un diabète de type 1 ou de type 2 méconnu ou se révélant en cours de grossesse.

EN CONCLUSION

Le diabète de type 2 et le diabète de type 1 représentent plus de 90 % des cas de diabète mais les formes sont hétérogènes et l’on peut parfois méconnaître un diabète d’un « autre type ». Aussi, un diagnostic étiologique précis a des conséquences pratiques sur la prise en charge, le suivi et le traitement du patient lui-même mais également de sa famille dans certaines situations.