Dr Radaoui Amina
Analyse et résumé de l’article « Edulcorants : du plus ou du moins ? » de Marc FANTINO, paru dans la revue Correspondances en Métabolisme Hormones Diabète et Nutrition.

 

 

Les édulcorants font toujours autant l’objet de discussion en nutrition humaine, ils suscitent doutes et inquiétudes sur leur utilité et leur sécurité. A travers ce résumé d’article, nous allons évoquer les données récemment établies concernant la sécurité sanitaire et les effets des édulcorants intenses, qui ont fait l’objet de récentes méta-analyses et d’une conférence de consensus.

L’utilisation d’une douzaine d’édulcorants intenses est actuellement autorisée dans l’Union Européenne. Ces édulcorants sont des ingrédients peu ou non caloriques qui procurent aux aliments et boissons une saveur sucrée, sans apport énergétique significatif. Le remplacement du sucre calorique par les édulcorants est un sujet d’actualité qui intéresse le grand public et les médias. Malheureusement de vives interrogations sont parfois véhiculées suscitant une peur chez les consommateurs non fondée scientifiquement. Au vu de l’ampleur du phénomène, les autorités de sécurité sanitaire internationales, dont l’OMS (organisation mondiale de la santé), se sont emparées du sujet pour discerner le vrai du faux en s’appuyant sur des données scientifiques crédibles. En novembre 2018, une conférence de consensus a réuni à Londres, 17 experts internationaux pour réaliser ce travail.

Tout d’abord il est important de souligner, qu’aucune agence sanitaire dans le monde, quel que soit le pays concerné (France, Europe, Angleterre, Etats-unis, Canada…) n’a émis une quelconque réserve, concernant les risques toxicologiques, carcinogènes ou génotoxiques des édulcorants autorisés dans le respect de leur dose journalière admissible (DJA), en sachant que la quantité d’édulcorant consommé au quotidien est généralement très inférieur à la DJA.

Concernant la prise alimentaire et la réduction de l’apport calorique, les études ont mis en évidence un bénéfice simplement à court terme avec une réduction moyenne de 250 kcal/j chez les consommateurs d’édulcorants. Mais cet effet ne semble pas durable. Il est donc simplement confirmé que les édulcorants ne sont pas des substances anorexigènes.

Concernant la régulation pondérale, les résultats varient beaucoup d’une étude à l’autre. La méta-analyse de Rogers et al., portant sur 12 études sélectionnées d’après des critères de qualité, met en évidence un indice de masse corporelle (IMC) moyen non modifié ou légèrement inférieur avec les édulcorants. Contrairement aux études épidémiologiques qui apportent peu de preuves permettant un meilleur contrôle pondéral avec les édulcorants, les études randomisées d’interventions et toutes les méta-analyses récentes rapportent que le remplacement des sucres caloriques par des édulcorants permet une baisse de poids ou une diminution de l’amplitude du gain sur le moyen ou le long terme. Certes cet effet positif sur le contrôle pondéral reste modeste, mais il est également confirmé par la conférence de consensus de Londres. Celle-ci a reconnu que « le remplacement des sucres par des édulcorants pour diminuer la densité énergétique des aliments et des boissons réduit l’apport énergétique net et aide à la gestion du poids ».

Concernant le diabète et le risque cardiovasculaire, les études épidémiologiques s’accordent à confirmer que l’usage des édulcorants est associé à une moindre consommation de sucre et qu’il n’a aucun effet négatif sur la glycémie ou d’autres facteurs de risque cardiovasculaires (cholestérol, triglycéride…). La conférence de consensus londonienne a également émis les mêmes conclusions, elle souligne que les édulcorants ont un intérêt dans la prise en charge nutritionnelle du diabète, parce qu’ils réduisent les apports de sucres.

En conclusion, il ressort de l’ensemble des travaux disponibles que les édulcorants intenses autorisés, dans les conditions d’emploi officiellement prescrites, ont un intérêt en nutrition humaine, certes modeste, mais significatif, pour une meilleure gestion du poids, du diabète et sans aucun des effets délétères dont ils sont suspectés.