Article mis en ligne par le Dr Muriel BENICHOU d’après une publication du Pr Monnier

 

 

Un grand nombre d’idées reçues circule au sujet du cholestérol alimentaire ou de l’intérêt ou pas de consommer des omégas 3.
Mais qu’en est il vraiment si on confronte ces idées reçues aux derniers travaux scientifiques ?

 

1ère Question : Est-il vrai que le cholestérol alimentaire et la consommation d’œufs augmentent le risque cardiovasculaire ?

Pour rappel, le cholestérol d’origine alimentaire est contenu essentiellement dans le jaune d’œuf, le beurre et les abats.
Le rôle du cholestérol alimentaire restant contesté en tant que facteur de risque cardiovasculaire, une métaanalyse publiée dans le JAMA en 2019 et réunissant 6 études a été conduite pour éclairer cette question .
Les auteurs détaillent les caractéristiques de leur métaanalyse : 29615 sujets, d’âge moyen 51, 6 ans, suivis sur une durée médiane de 17 ,5 années. Pour chaque consommation supplémentaire de 300 mg/j de cholestérol (équivalent de 1 œuf) , le risque cardiovasculaire est augmenté de 17% et la mortalité totale est augmentée de 18% .
Au terme de ce travail les auteurs concluent qu’une augmentation de la consommation en cholestérol alimentaire est associée à un accroissement du risque d’accidents cardiovasculaires ou de décès.

 

2ème Question : Est-il vrai que les omégas 3 ont un rôle protecteur vis-à-vis du risque cardiovasculaire ?

Pour rappel, les graisses dites omégas 3 sont les graisses contenues dans certaines huiles (comme l’huile de colza, l’huile de noix, l’huile de lin), dans les poissons gras (saumons, thon, maquereaux), les noix, ainsi que certains légumes comme la mâche ou les épinards. Elles peuvent être aussi contenues dans certains aliments enrichis comme la margarine primevère ou consommées sous la forme de compléments alimentaires.
Certains nous vantent les propriétés bénéfiques des acides gras omégas 3 dans la prévention et le traitement des maladies cardiovasculaires. Toutefois, la littérature scientifique reste très divisée sur le bénéfice réel de ces graisses et les dernières études notamment l’étude interventionnelle ASCEND qui a porté sur un nombre important de sujets diabétiques avec une méthodologie rigoureuse, confirme que la recommandation de consommer 500 mg d’omégas 3 repose sur des bases fragiles. En tout cas cette étude démontre que si la consommation de 2 portions de poissons gras par semaine reste à conseiller, il n’y a aucun intérêt pour un patient diabétique de prendre une supplémentation en omégas 3 et il est fortement probable qu’elle ne le soit pas davantage chez les personnes qui ont une alimentation normale et qui ne souffrent d’aucune pathologie carentielle.

Conclusion

Les idées reçues concernant les graisses alimentaires doivent être régulièrement confrontées aux données de la littérature scientifique.
Celles que nous venons d’analyser peuvent être résumées de la façon suivante
– Les apports en cholestérol ne doivent pas être excessifs, mais les seuils ne peuvent pas être déterminés.
– Les acides gras omégas 3 n’ont pas fait la preuve de leur rôle protecteur sur le plan cardiovasculaire, si bien que si la consommation de poissons gras 2 fois par semaine reste conseillée il n’y a pas de données permettant de recommander les compléments alimentaires en omégas 3.