D’après un article du Dr FONTAINE, le Dr BENICHOU vous propose une publication très actuelle et sujet à polémique.

Différents types de restriction alimentaire sont actuellement en vogue auprès du grand public.  Cela va du jeûne thérapeutique au régime cétogène proposés comme adjuvant lors d’une chimiothérapie  en passant par la restriction calorique au long cours ,censés augmenter notre espérance de vie.

Mais qu’en est il des bases scientifiques de ces attitudes restrictives ?

Le but de cet article est de répondre de manière factuelle aux questionnements que peuvent avoir les patients.

 

 

  • Rappels physiologiques concernant le jeûne

 

Pour des raisons didactiques, on décrit 4 phases de jeûne chez un sujet bien portant

 

  • Phase précoce avec consommation des réserves en glycogène pour délivrer du glucose
  • Phase de consommation des lipides ou lipolyse
  • Phase de production du glucose par consommation des muscles ou protéolyse (fonte musculaire)
  • Phase de cétogenèse ou fabrication de corps cétoniques qui limite la fonte musculaire

 

Chez un individu malade, l’adaptation au jeûne est très différente de celle décrite ci-dessus. En première approche, il faut savoir que les malades sont incapables de passer en cétogenèse ce qui les rend beaucoup plus vulnérable au jeûne qu’un individu bien portant.

 

 

  • Restrictions alimentaires dans le cancer : affamer la tumeur ?

Si les travaux sur la souris  de l’équipe de Walter D Longo ont suscité beaucoup d’espoir en montrant qu’un jeûne de 48 h entourant la chimiothérapie potentialisait son effet à la fois sur la taille de la tumeur et sur la survie de l’animal, les travaux sur l’homme se sont montrés très décevants en ne montrant aucun effet positif sur l’évolution du cancer. Un travail de revue bibliographique particulièrement exhaustif  a été publié en 2017 par le réseau NACRE . Rappelons enfin que de nombreux travaux chez l’homme indiquent tous sans ambiguité qu’une perte de poids chez le sujet cancéreux est un facteur de mauvais pronostic, la médiane de survie étant alors divisée par deux. De la même façon un régime cétogène au moment de la chimiothérapie n’a pas montré d’efficacité.

 

  • Restriction calorique : le régime anti âge ?

 

La restriction calorique est elle capable de diminuer le stress oxydatif chez l’homme et ainsi d’augmenter la durée de vie ?

Les études semblent indiquer que non en montrant que les maigres n’ont pas une espérance de vie supérieure aux sujets de poids normal ou en surpoids. Un travail récent mené au Royaume Uni sur 3,6 millions d’adultes montre que la relation mortalité en fonction de l IMC dessine une courbe en J , l IMC associé au risque de mortalité le plus faible étant légèrement supérieure à 25. Quelle que soit l’analyse en sous groupes, la mortalité augmente lorsque l’IMC diminue et cela bien avant que l’IMC n’entre en zone de dénutrition.

 

 

Conclusion

                                          

Même si nous avons tous envie de croire que tel aliment ou tel comportement alimentaire est bénéfique pour notre santé , les données de la littérature nous ramène à la réalité en montrant que d’une part le jeûne intermittent, les régimes restrictifs ou le régime cétogène n’ont prouvé aucune efficacité chez l’homme  mais qu’il pourraient même être délétères dans certaines situations en raison de la dénutrition qu’ils pourraient induire.