(Mis en ligne par le Docteur Eid, d’après une communication du Pr Claire CARETTE au congrès de la SFD de mars 2022)

Considérée comme une « épidémie mondiale » par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’obésité, qui ne cesse de progresser, constitue un enjeu majeur de santé publique. Elle est définie par un Indice de Masse Corporelle (IMC = poids divisé par la taille au carré) supérieur à 30 et concerne 13 % de la population mondiale. En France, selon les données de l’enquête nationale ObEpi, 17 % de la population adulte, soit près de 8,6 millions de personnes, était obèse en 2020 et près d’un Français sur 2 était en situation de surpoids ou d’obésité. L’obésité touche également les plus jeunes puisque 34 % des enfants de 2 à 7 ans et 21 % des 8-17 ans sont en surpoids ou en obésité.

L’obésité est une maladie chronique et multifactorielle qui implique des facteurs génétiques et environnementaux (alimentation, sédentarité, facteurs socio-démographiques et précarité économique…). Elle résulte d’une inadéquation entre les apports et la dépense énergétiques.

L’obésité peut s’associer à de multiples complications telles que le diabète de type 2, l’hypertension artérielle, les excès de cholestérol ou de triglycérides, la stéatose hépatique, le syndrome d’apnée du sommeil, les pathologies cardio-vasculaires, certains cancers, les pathologies ostéo-articulaires…). Elle a des conséquences psychologiques et sociales non négligeables (mésestime de soi, dépression, isolement social…). On estime qu’elle réduit de 7 ans l’espérance de vie chez la femme.

Obésité et grossesse : Quelles complications ?

L’obésité majore le risque d’infertilité, de fausses couches spontanées et d’échec à la procréation médicalement assistée. Elle favorise également la survenue, chez la mère, d’un diabète de type 2 et nécessite, dès le début de grossesse, un dépistage du diabète gestationnel. Elle peut s’associer à un syndrome d’apnées du sommeil, à un reflux gastro-œsophagien, à une hypertension artérielle avec un risque majoré de pré-éclampsie. Sur le plan obstétrical, il existe un surrisque de césarienne, d’infections et d’hémorragie de la délivrance. Après l’accouchement (post-partum), le risque de phlébite, d’embolie pulmonaire, d’hypertension, de diabète de type 2 et de dépression est également plus important.
Chez l’enfant, l’obésité maternelle s’associe à une augmentation de la mortalité fœtale et néonatale. Il existe plus de risques de malformations congénitales, de macrosomie (gros bébé), de prématurité, de dystocie des épaules et d’hypoglycémies néonatales. À long terme, l’enfant peut développer une obésité, un diabète de type 2 ou un syndrome métabolique.

 

Obésité et grossesse : Quelle prise en charge ?

Lorsque cela est possible, une prise en charge pluridisciplinaire doit être proposée dès la période préconceptionnelle et jusqu’en post-partum. La patiente doit être informée des risques materno-fœtaux liés à l’obésité et un projet de soin personnalisé doit lui être proposé. La modification du mode de vie, qui passe par un rééquilibrage alimentaire et la pratique d’une activité physique adaptée, régulière, d’intensité modérée, d’au moins 150 min/semaine, sera préconisée avant mais également pendant et après la grossesse. Certains médicaments de l’obésité tels que le liraglutide 3 mg (non remboursé) pourront être proposés, mais devront être interrompus avant la grossesse. Une chirurgie bariatrique pourra également être discutée, en amont d’une grossesse, dans certaines situations.

La prise de poids recommandée durant la grossesse est fonction de l’IMC préconceptionnel. S’il est recommandé une prise de 11 à 16 kg chez la femme de poids normal, celle-ci devra se limiter à 7 – 11 kg chez la patiente en surpoids (IMC entre 25 et 29,9) et 5 à 9 kg chez la patiente obèse (IMC ≥ 30).

La Fédération Internationale des Gynécologues Obstétriciens (FIGO) a publié en 2020 des recommandations pour le suivi des patientes obèses enceintes.
Ainsi, pour les femmes enceintes avec un IMC de 30 ou plus, la prise de poids durant la grossesse doit être limitée à 5 à 9 kg. Une activité physique adaptée d’intensité modérée est préconisée. Une supplémentation systématique par acide folique doit être prescrite au moins le 1er trimestre de la grossesse. Toutes les femmes enceintes avec un IMC de 30 ou plus doivent bénéficier, dès le début de grossesse, d’un dépistage du diabète gestationnel. Afin de prévenir la pré-éclampsie, un traitement prophylactique par aspirine peut être proposé chez les femmes à haut risque. L’accouchement par césarienne étant associé, chez la patiente obèse, à un risque de surinfection des plaies opératoires, les femmes avec un IMC ≥ 30 devraient bénéficier d’une antibioprophylaxie durant la chirurgie.

En conclusion

L’obésité chez la femme enceinte est associée à un risque accru de complications materno-fœtales. Un suivi au sein d’équipes pluridisciplinaires et obstétricales averties sera idéalement proposé dès la période préconceptionnelle, avec la possibilité, en cas de besoin, de référer la patiente en Centre Spécialisé Obésité (CSO).