Article mis en ligne par le Docteur Nelly MORTINIERA, tiré de l’article de A. – C. Le Guillou et A. Vambergue. Pôle endocrinologie et diabétologie, Hôpital Claude Huriez, CHRU de Lille, publié dans la revue diabétologie Pratique

 

Introduction :

On sait aujourd’hui, que l’exposition d’un fœtus à l’hyperglycémie de sa mère va entraîner la survenue d’un syndrome métabolique (c’est-à-dire la possibilité de présenter un diabète, une obésité ou un surpoids, une hypertension artérielle…) dès l’enfance, l’adolescence et /ou lorsque cet enfant atteindra l’âge adulte :  comment et pourquoi ?

                    

Ces enfants vont-ils développer un surpoids ou une obésité ?

Chez les enfants nés de mères diabétiques toutes les études scientifiques faites ont montré que le risque d’obésité dans l’enfance ou l’adolescence est important d’environ 60% alors qu’il n’est que de 17% chez les enfants nés de mères non diabétiques. Ce risque d’obésité est plus élevé chez les enfants nés de mères diabétiques que de pères diabétiques. Ceci permet de mettre en évidence le rôle prépondérant de l’hyperglycémie maternelle pendant la vie intra-utérine du fœtus.

 

Faut –il être un gros bébé à la naissance pour être en surpoids ou devenir obèse ?

En d’autres termes faut-il que notre mère ait fait du diabète de grossesse pour développer un surpoids ou une obésité ? La plupart des études faites ont démontré que les femmes présentant un pré-diabète pendant la grossesse, un diabète gestationnel avéré ou un diabète de type 2 ont 20% de risque d’avoir des enfants en surpoids ou obèses. Ces études ont également pu confirmer la présence d’une altération précoce du métabolisme des graisses chez ces enfants dès qu’il existe une exposition à des concentrations élevées de glucose pendant leur vie intra-utérine. Ce qui favorise leur prise de poids.

                           

 

Ces enfants deviendront-ils un jour diabétiques ?

Les études menées sur différents groupes de femmes enceintes : portant sur l’âge avancé au moment de la grossesse (au-delà des 35 ans), la présence d’une obésité franche ou un surpoids pendant la grossesse, d’un diabète de type 2 ou d’un pré diabète, montrent que les enfants nés de ces femmes ont un risque élevé d’au moins 50% (1 sur 2) de développer un diabète dès l’adolescence ou l’âge adulte. En revanche il existe peu de données dans la littérature sur les enfants nés de mères diabétiques de type 1.

Ces enfants deviendront –ils hypertendus ?

L’analyse d’un grand nombre d’études portant sur les pressions artérielles des enfants nés de mères diabétiques, porteuses d’un pré-diabète ou d’un diabète de grossesse, ont montré que les pressions artérielles chez ces enfants étaient toujours de quelques millimètres de mercure plus hautes que celles des enfants nés de mères non diabétiques. Au final ces enfants sont prédisposés à devenir hypertendus.

Conclusion :

Si l’exposition fœtale à l’hyperglycémie maternelle favorise la survenue du surpoids, de l’obésité, du diabète ou de l’hypertension artérielle chez les enfants nés de mères présentant un pré-diabète, un diabète de grossesse ou un diabète de type 2 avéré, très peu de données existent dans le cas du diabète de type 1. On ignore également si le contrôle précoce de ces troubles chez ces femmes peut empêcher ces enfants de développer à leur tour ces mêmes troubles. Mais malgré la présence de nombreuses incertitudes autour de l’avenir de ces enfants, il apparaît clairement qu’il existe des périodes de vulnérabilité pendant notre vie intra-utérine durant lesquelles peuvent survenir des modifications qui vont conditionner notre avenir métabolique. Cela a permis de définir le concept de programmation des maladies chroniques.