Quelle contraception chez la diabétique ?

Mis en ligne par le Docteur Nelly MORTINIERA.

Tiré de l’article du Docteur Hélène CHACRON. Publié  en juin 2019 dans le volume 14 de la revue Diabète & Obésité

 

1 –  La contraception en France : où en est-on ?

En France la prescription de la « pilule » contraceptive représente le moyen de contraception le plus utilisé. Cependant on observe ces dernières années une baisse de son utilisation du fait de risques élevés événements cardio-vasculaires. Bien que la couverture contraceptive médicale des femmes françaises soit l’une des plus élevée au monde, 1 grossesse sur 3, reste non prévue. 8% des françaises en âge de procréer n’utilisent pas de moyens de contraception. Seule 5 % associent 2 méthodes contraceptives (Pilules et préservatifs).

 

 

2 –  Quelles sont les différentes méthodes de contraception possibles ?

Les méthodes contraceptives hormonales:

  • La pilule: Ce sont des comprimés contenant des hormones à prendre tous jours. On distingue
    • Les comprimés combinés qui contiennent des œstrogènes et de la progestérone à des dosages variés. C’est la méthode la plus couramment prescrite.
    • Les progestatifs purs, ils ne contiennent que de la progestérone à des dosages variés. Très faiblement dosés, ce sont les micro-progestatifs.
  • Les progestatifs injectables: ils sont fait en injection dans la fesse tous les 3 mois.
  • Le dispositif intra-utérin hormonal (Stérilet hormonal): C’est un dispositif plastique en forme de T contenant des hormones qui est inséré dans l’utérus par le gynécologue. Il est efficace 3 à 5 ans selon le modèle.
  • L’implant contraceptif : Il s’agit d’un petit bâtonnet inséré dans le bras par le gynécologue, qui libère de façon continue des hormones. Son efficacité est d’environ 3 ans.
  • Le patch contraceptif : C’est un timbre qui se colle sur la peau et qui délivre des hormones qui pénètrent dans le sang à travers la peau. Il est identique à la pilule composée. Il est utilisé à raison d’ 1 patch par semaine pendant 3 semaines par mois.
  • L’anneau vaginal : Il s’agit d’un petit anneau hormonal flexible, en plastique qui contient une association d’hormones identique à la pilule combinée. Il est introduit par la femme elle-même au fond du vagin.

 

                                             

 

Les méthodes contraceptives sans hormones:

  • Le préservatif masculin: C’est une protection en latex qui empêche le passage des spermatozoïdes. Il est mis à chaque rapport.
  • Le préservatif féminin: C’est une gaine qui empêche le passage des spermatozoïdes dans le vagin. Il est mis à chaque rapport.
  • Le diaphragme encore appelé cape cervicale: C’est une protection qui s’insère dans e vagin et qui recouvre le col de l’utérus empêchant ainsi le passage des spermatozoïdes. Il doit être utilisé en association avec un spermicide pour être efficace. Il est mis quelques heures avant le rapport et doit-être laissé en place 8 heures après le rapport.
  • Le dispositif intra-utérin au cuivre (Stérilet au cuivre): C’est un dispositif en forme de T sans hormones implanté dans l’utérus par le gynécologue. Il a une efficacité de 3 à 10 ans selon le modèle.
  • La stérilisation à visée contraceptive: Ce sont :
    • La vasectomie ou l’obstruction des canaux qui transportent les spermatozoïdes, chez l’homme.
    • La ligature ou l’obstruction des trompes, chez la femme.
  • Les spermicides: Ce sont des crèmes, des gels ou des ovules insérés dans le vagin qui inactivent ou détruisent les spermatozoïdes. Ils sont à appliquer avant chaque rapport. Ils fonctionnent mieux en association avec une méthode barrière telle que le préservatif masculin ou féminin et le diaphragme.

                                               

3 –  Quel constat fait-on en ce qui concerne la contraception chez la diabétique ?

La grossesse chez la diabétique doit être programmée. Un contrôle glycémique strict avant la conception permet de diminuer le risque de complication secondaire au diabète pour la mère et le bébé. Chez les femmes diabétiques, la couverture contraceptive est insuffisante. Plusieurs études récentes ont montré que les femmes diabétiques sans désir de grossesse avaient tendance à moins utiliser de moyen de contraception.

La prescription ou la discussion d’une méthode de contraception doit être de ce fait, valorisée dans la prise en charge des patientes diabétiques. Elle doit respecter le souhait de la patiente, mais aussi les potentiels risques cardio-vasculaires et les contre-indications. En effet, de nombreuses études ont montré que le risque de faire une attaque cardiaque ou cérébrale est particulièrement augmenté chez la diabétique utilisant comme moyen de contraception les pilules combinées habituelles d’autant plus que le diabète est ancien (> 20 ans), et qu’il existe une atteinte des yeux, et des reins par le diabète, ou qu’elle présente une atteinte cardiaque ou vasculaire avant le souhait de vouloir une méthode contraceptive. L’existence de facteurs de risque cardio-vasculaire multiples associés au diabète tels que : l’hypertension artérielle, un taux de cholestérol élevé, un tabagisme actif … va contre-indiquer l’utilisation de méthodes contraceptives hormonales, seuls les moyens non hormonaux pourront être proposés, dans ce cas de figure. Les études réalisées avec ces produits n’ont pas mis en évidence d’augmentation du risque vasculaire veineux ou artériel.

Les autres contre-indications telles que : les antécédents de cancer du sein, les problèmes de foie, les antécédents de thrombose artérielle ou veineuse et la présence d’une perturbation du taux de cholestérol sont communes à toutes les femmes sans distinction.

4 –  Quel choix de méthodes contraceptives pour la diabétique ?

Il est recommandé de faire un bilan lipidique avant la mise en route d’une contraception chez toutes les femmes, en particulier en cas de prescription des pilules orales combinées. Ce bilan sera reconduit dans les 3 à 6 mois après l’initiation de la pilule. Une évaluation de l’état métabolique et vasculaire sera systématique et sera accompagnée par la recherche d’éventuelles contre-indications chez les patientes diabétiques à qui il sera proposé une contraception orale. Il n’ya pas de méthodes de première intention à proposer.

  • Une pilule combinée peut être prescrite chez la diabétique, en l’absence de complications avérées du diabète et de cependant de préférer les pilules combinées les moins dosées en œstrogènes. facteur de risque cardio-vasculaire. Il convient
  • En présence de complications avérées, les progestatifs les plus faiblement dosés encore appelés micro-progestatifs ou le stérilet au cuivre représentent les alternatives à utiliser.
  • La contraception injectable est contre-indiquée chez la femme diabétique

Une information complète doit être apportée à ces patientes au moment ou on initie la pilule. Cette information doit portée sur les modalités de prises et d’utilisation du contraceptif choisi, sur son efficacité mais aussi sur ces effets secondaires et les risques potentiels liés au produit choisi.

5 –  Conclusion

Chez la diabétique, la couverture contraceptive est un enjeu majeur pour réduire la fréquence des grossesses non programmées et diminuer le risque de complications maternelles et fœtales. La recherche d’une contraception efficace ne doit pas faire oublier les contre-indications et les éventuelles précautions à prendre avant de lui prescrire une pilule. Les pilules combinées habituelles  peuvent lui être proposées en dehors de facteur de risque cardio-vasculaire et de complications avérées du diabète. Dans tous les cas, les méthodes non hormonales sont possibles. Le choix de la méthode doit se faire en accord avec la patiente et doit être accompagné d’informations claires. Enfin il est nécessaire de maintenir une surveillance régulière afin de réadapter la méthode contraceptive, en fonction de l’évolution de son diabète.