SERVICE ENDOCRINOLOGIE DU CENTRE HOSPITALIER DE PERPIGNAN
RUNNING ET DIABETE

Puis-je faire du running alors que je suis diabétique ? Pour de nombreux malades, la question peut se poser. Comment faire pour chausser des baskets et profiter des bienfaits du running quand on est atteint d’un diabète de type 1.
Le diabète de type 1 n’empêche pas de faire du sport, même de la course à pied qui puise pourtant beaucoup dans les réserves de sucre. Cependant, il est important d’y aller progressivement, d’être à l’écoute de son corps, de ses sensations et d’accepter de tâtonner dans un premier temps sur les doses d’insuline à s’administrer. Une période d’adaptation et quelques contraintes à gérer mais le jeu en vaut la chandelle !!!
JE DÉBUTE LA COURSE À PIED, QUE DOIS-JE FAIRE ?
La règle d’or est d’avancer de manière progressive. Faites de petites sorties au début, idéalement accompagnée. Adaptez vos doses d’insuline en accord avec votre médecin avant de partir. Ce sont vos entraînements qui vous permettront de connaître vos réactions et vos besoins en insuline et encas.
JE MANGE QUOI AVANT UNE SORTIE ?
La règle est la même que pour un pratiquant non diabétique. Pendant le sport, l’absorption intestinale est diminuée. Et plus vous courez une longue distance, moins cette absorption sera efficace durant la course. Il est conseillé de s’alimenter 2 ou 3 heures avant votre sortie et privilégier un repas de glucides complexes, comme des céréales, bananes, féculents…
DANS MON SAC, JE METS QUOI ?
Outre votre lecteur de glycémie, vous pouvez emporter une boisson sucrée, du sucre blanc ou des sachets de confiture, une banane, des barres aux céréales… S’il fait très froid et que vous effectuez des glycémies capillaires, prenez des chaufferettes pour vos bandelettes.
De la même manière, protégez vos bandelettes du soleil lors des grosses chaleurs. Prévoyez un peu d’eau pour vous nettoyer le doigt avant de faire un test. La sueur ainsi que les petites impuretés peuvent faire varier votre glycémie !!!
QUELLE DOSE D’INSULINE AVANT UNE COURSE ?
Votre médecin peut vous demander de baisser vos doses d’insuline avant une sortie mais également après.
L’activité sportive peut avoir une incidence sur la glycémie durant 24 heures. Pour une sortie de moins de 10 km à allure moyenne de 10 km/h, il peut-être conseillé de baisser en moyenne votre dose de 2/3.
Si vous partez pour une longue distance, type marathon, votre médecin peut vous recommandez de ne prendre qu’un dixième de vos doses habituelles. Si vous vous trouvez à moins de 1,2 g/l avant le départ d’une course, vous risquez de tomber en hypoglycémie. Faites également attention au stress car il provoque une hausse naturelle de votre glycémie. Si vous courez le soir, pensez à réduire votre insuline du soir au risque de faire une hypoglycémie la nuit.
Tout cela doit se faire en concertation avec votre endocrinologue
COMMENT RECONNAÎTRE UNE HYPOGLYCÉMIE LIÉE À MA COURSE ?
En course, il faut écouter les messages envoyés par son corps. Tout signe inhabituel, comme la déshydratation, une douleur musculaire, une fatigue soudaine, des paillettes devant les yeux, les jambes lourdes, une douleur à la poitrine, des maux de tête… doit être pris comme un signe potentiel d’hypoglycémie.
QUE FAIRE EN CAS D’HYPOGLYCÉMIE EN COURSE ?
S’arrêter ! Puis se resucrer en favorisant les prises sublinguales. On contourne ainsi le tube digestif et l’assimilation est immédiate à travers la muqueuse sublinguale (richement vascularisée et permettant un passage sanguin très rapide). Prenez par exemple une dosette de confiture et placez-la sous votre langue. Laissez fondre puis prenez ensuite une boisson sucrée à doser en fonction de votre taux de glycémie. Puis reprenez votre course uniquement si vous vous sentez mieux.
ENFIN DE COURSE, J’AI UNE GLYCÉMIE ÉLEVÉE, EST-CE NORMAL ?
Oui. D’une manière générale, il faut être attentif à sa glycémie après l’effort. Il est possible que vous vous sentiez en hypoglycémie alors que votre lecteur affiche un taux élevé. Vous pouvez être simplement en déshydratation, ce qui augmente artificiellement les résultats des lecteurs de glycémie. À noter également, l’effort suscite une sécrétion d’hormones de vigilance (adrénaline par exemple) qui s’avère hyperglycémiante.
PUIS-JE COURIR DE LONGUES DISTANCES ?
De nombreux diabétiques insulinodépendants pratiquent des sports de haut niveau. C’est le cas notamment de l’équipe de cyclistes américaine Novo Nordisk composée de 6 coureurs diabétiques de type 1, Alizée Agier, karatéka multi-médaillée, Nacho Fernandez joueur de football du real madrid, Bobby Clarke célèbre meneur des Broad Street Bullies, une des équipes les plus célèbres de l’histoire du hockey…
Il est donc possible de courir de longues distances mais à l’instar de tout runner, il faut adapter ses courses en fonction de son niveau.
Votre expérience sportive vous permettra peu à peu de connaître vos adaptations personnelles de doses et d’efforts possibles.
L’émergence des lecteurs de glycémie connectés
En pleine course, il est souvent difficile de contrôler sa glycémie puisque cela impose de s’arrêter. Forts de ce constat, certains industriels ont lancé sur le marché des lecteurs de glycémie en continu connectés en Bluetooth. Placés en sous-cutané, ces capteurs qui ressemblent à de petits patchs transmettent directement le taux de glycémie en continu via une application dédiée sur votre téléphone.

A la question : « sport et diabète sont-ils compatibles ? », les pratiquants de course à pieds répondent avec un grand « oui ».

Certains exemples valent parfois mieux que de longs discours. A 45 ans et diabétique de « type1 » depuis l’âge de 6ans, Jérome Trublet (entraîneur dans son club d’athlétisme de Seine-et-Marne, président de l’Union Sport & Diabète (USD) dont la vocation est d’encourager les personnes diabétiques à pratiquer une activité physique régulière) marathonien et diabétique de type 1 est ce qu’on appelle un coureur à pied assidu. Il lui est arrivé de s’entrainer six fois par semaine avec parfois deux séances par jour. Il a déjà couru un marathon en 3h28 (à Paris en 2010). Ses proches ont donc l’habitude de le voir runnings aux pieds mais ce n’est pas le seul accessoire qui fait partie du quotidien de cet infirmier. L’autre, c’est sa pompe à insuline.
Pour réguler leur glycémie, les diabétiques dits « insulino-dépendants » s’injectent de l’insuline, soit via une pompe, soit via des multi-injections et contrôlent au quotidien leur glycémie, au minimum trois à quatre fois par jour. Pour certains, c’est plus : six à sept fois, et même en courant.
Jérôme Trublet clame aujourd’hui haut et fort : « On peut vivre normalement. Le diabète, c’est ma force », mais il a bien conscience que tous les diabétiques ne vivent pas leur maladie de la même manière. Et que certains n’osent pas surmonter certaines barrières.
« On a souvent tendance à surprotéger les diabétiques, notamment les enfants, renchérit le docteur Karim Belaid, médecin du sport et coordonateur d’un réseau diabète dans l’Aisne. Pour empêcher tout risque de situation critique d’hypoglycémie, les parents comme le monde sportif préfèrent ne pas prendre de risques. Mais on a aujourd’hui les connaissances suffisantes pour gérer le diabète en situation de sport ».
Bien sûr, cela ne fait pas sans vigilance. Pendant la pratique sportive, l’organisme brûle des glucides, d’où la nécessité de contrôler le taux de sucre dans le sang avant, pendant et même après l’effort. Objectif : éviter l’hypoglycémie principal risque encouru par un diabétique lors d’une activité sportive. La glycémie « peut baisser très fort, et l’hypo est plus fréquente chez ces patients », explique le Dr Belaid.
Les bénéfices du sport sont multiples. « Pour les diabétiques de type 1, au-delà des bienfaits classiques du sport – qui sont les mêmes que pour l’ensemble de la population – il y a surtout un intérêt au niveau de la motivation : le sport peut augmenter l’envie de se suivre, de se gérer correctement. Et offrir aux patients une meilleure image d’eux-mêmes », explique le Dr Karim Belaid.
Pour les diabétiques de type 2, la sédentarité et le surpoids étant souvent des facteurs favorisants de leur pathologie, les bienfaits de l’activité physique sont encore plus flagrants : amélioration de la circulation sanguine, baisse de la tension artérielle, augmentation du bon cholestérol… « Je participe souvent à des randonnées avec des personnes diabétiques de type 2, confie le Dr Belaid. On mesure leur glycémie avant et après l’effort. Pour un taux à 2g avant, on peut atteindre 1.2 g après une heure et demi de marche, même à une allure très modérée (4,5 km/h). Et ce n’est rien d’autre que l’activité physique qui a provoqué cette baisse de la glycémie ».
Il est intéressant d’insister sur le cercle vertueux que peut déclencher l’activité physique: « Les patients qui se mettent au sport associent souvent une démarche diététique, font attention à leur alimentation et perdent du poids ».
« Bougez ! » Voilà donc le message adressé par l’Union Sports et Diabète. Sans oublier, évidemment, d’insister sur la prévention : « L’activité physique empêche le diabète de type 2 d’apparaître trop tôt », rappelle le Dr Belaid. Le mariage entre sport et diabète est donc d’autant plus efficace qu’il est mis en place chez des personnes jeunes et en bonne santé. Surtout en présence d’antécédents familiaux…
Sources :
. Association Union Sports et diabète
. Armand Tomaszewski, médecin du sport, diabétologue et cardiologue. Ancien médecin à la Fédération française d’athlétisme département marathon et ultra-marathon de 2003 à 2010 https://www.topsante.com/medecine/maladies-chroniques/diabete/diabete-et-running-mode-d-emplio-610039
. https://www.lepape-info.com/sante/diabete-et-course-a-pied-un-mariage-heureux/