Article réalisé par le Dr Eid,
D’après un article du Pr SCHLIENGER paru en janvier 2022 dans la revue Diabétologie pratique.

L’obésité est une maladie chronique qui concerne 17 % de la population adulte en France, ce qui représente plus de 8 millions de personnes. Elle est définie par un IMC ou Indice de masse Corporelle supérieur ou égal à 30 kg/m². L’IMC est obtenu par le rapport du poids (en kg) et de la taille (en mètres) au carré.

Outre ses conséquences psychologiques et sociales, l’obésité peut s’associer à des comorbidités telles que le diabète, l’hypercholestérolémie, l’hypertension artérielle, qui majorent le risque cardio-vasculaire, notamment chez les patients qui présentent une obésité viscérale.

La prise en charge diététique, si elle est essentielle au traitement de l’obésité, s’avère souvent insuffisante. Actuellement, seuls 3 médicaments ont l’aval de l’Agence Européenne du Médicament. Il s’agit de l’orlistat (Xenical®, Alli®) qui réduit l’absorption des graisses au niveau digestif provoquant une perte de poids modérée, l’association naltrexone/bupropion (non commercialisée en France) associant un antagoniste des récepteurs opiacés et un antagoniste des récepteurs nicotiniques, et le liraglutide(Saxenda®), agoniste des récepteurs du GLP-1, utilisé dans le traitement du diabète de type 2 et qui a bénéficié d’une extension d’indication pour le traitement de l’obésité chez des patients non diabétiques (https://www.diabete66.fr/saxenda-aide-perte-de-poids). La perte de poids de l’ordre de 5 à 10 % s’accompagne d’une amélioration concomitante des paramètres métaboliques.

D’autres molécules sont actuellement à l’étude telle que le tirzépatide, en phase III de développement, qui combine les effets agonistes des récepteurs du GLP1 et du GIP (peptide insulinotrope dépendant du glucose). Le GIP diminue la prise alimentaire et augmente la dépense énergétique, favorisant la perte de poids. Couplé à un analogue du GLP-1, il favorise également la baisse de la glycémie.

L’amyline constitue une autre voie thérapeutique intéressante dans la prise en charge médicamenteuse de l’obésité. Il s’agit d’une hormone peptidique qui est cosécrétée avec l’insuline par les cellules bêta-pancréatiques. Elle favorise la sensation de satiété par l’intermédiaire de récepteurs situés au niveau de l’hypothalamus, ralentit la vidange de l’estomac et supprime la réponse postprandiale du glucagon.  Une étude de phase II, multicentrique réalisée dans 57 centres, randomisée, en double aveugle, publiée dans le LANCET en 2021, a ainsi exploré les effets sur le poids du cagrilintide, analogue lent de l’amyline, administré en une injection hebdomadaire pendant 26 semaines à différentes doses (0,3 ; 0,6 ; 1,2 ; 2,4 et 4,5 mg) dans 5 groupes de 100 à 102 sujets. Les résultats obtenus avec le cagrilintide ont été comparés à ceux obtenus sous liraglutide 3 mg en injection quotidienne ou à ceux sous placebo. L’étude a inclus 706 sujets, non diabétiques, obèses ou en surpoids, qui ont tous bénéficié des mêmes conseils hygiéno-diététiques. La perte de poids obtenue sous cagrilintide était dose-dépendante allant de 6,0 % à 10,8 % pour les doses de 0,3 à 4,5 mg et était significativement plus importante que sous placebo (3 %) ou que sous liraglutide. Le nombre de sujets atteignant une perte de poids de 5 % était de 58 % à 89 % sous cagrilintide, de 76 % sous liraglutide et de 31 % sous placebo. Les effets secondaires digestifs (nausées essentiellement) étaient plus fréquents et dose-dépendants avec le cagrilintide qu’avec le placebo, mais comparables au liraglutide. La perte de poids sous cagrilintide s’accompagnait en outre d’une amélioration des paramètres métaboliques et d’une réduction du tour de taille. 

Ces résultats confirment donc l’intérêt métabolique de cette molécule et offrent ainsi une piste intéressante dans la prise en charge médicale de l’obésité.